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portant le chiffre des blessés à la proportion de 4 pour 1 mort, on est amené à l’augmenter de 140 000. On arrive donc à une perte totale sur la Somme, du 1er juillet au 1er décembre, de 700 000 hommes, sans compter les morts de maladie et les tués non avoués, dont le chiffre est hypothétique.

A la fin de son rapport, sir Douglas Haig indique ses conclusions. Il avait assigné trois buts à la bataille de la Somme : dégager Verdun, fixer l’ennemi sur le front occidental, et user sa force vive. Selon le commandant anglais, ces trois buts ont été atteints. En ce qui concerne Verdun, le fait n’est pas contestable. La fixation de l’ennemi sur le front occidental est également manifeste. « Le transfert des troupes d’Occident en Orient, qui avait commencé après l’offensive russe en juin, n’a duré que peu de temps après le commencement de l’offensive de la Somme. Par la suite, l’ennemi n’a renvoyé sur le front oriental, à une exception près, que des divisions épuisées par la bataille, et qui étaient toujours remplacées par des divisions fraîches. En novembre, le nombre des divisions ennemies sur le front occidental était plus considérable qu’en juillet, malgré l’abandon de l’offensive sur Verdun. » Enfin, en ce qui concerne l’affaiblissement de la force vive de l’ennemi, on ne peut douter « que ses pertes en hommes et en matériel aient été beaucoup plus considérables que celles des Alliés, tandis que la balance de l’avantage moral penche encore plus de notre côté. » Les quatre cinquièmes des divisions allemandes du front occidental ont été l’une après l’autre engagées sur la Somme, plusieurs deux fois, quelques-unes trois fois. Beaucoup ont très bien combattu, même dansées dernières affaires, « mais la résistance d’un nombre plus grand encore est devenue à la fin décidément plus faible qu’elle n’était dans les premières phases de la bataille. » Il y a donc détérioration certaine de la force de résistance de l’ennemi. — Chacun des trois buts, dit sir Douglas Haig, suffirait à justifier la bataille de la Somme. Qu’ils aient été atteints tous les trois, « c’est une noble compensation pour les splendides efforts de nos troupes et pour les sacrifices faits par nous, et par nos Alliés. »

« La puissance de l’ennemi, dit-il en terminant, n’a pas encore été brisée, et il n’est pas encore possible d’estimer combien de temps la guerre durera avant que les objectifs pour lesquels les Alliés combattent soient atteints. Mais la bataille