Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 45.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

adhérence au sol permet de descendre et de remonter les pentes les plus abruptes. Les mouvemens latéraux ne sont pas moins aisés, et la machine tourne exactement sur elle-même. Elle tranche les arbres comme de la paille, défonce les murs, descend dans les entonnoirs de mines, en sort, et passe sur les tranchées en lançant par les deux, flancs des feux d’enfilade. Elle passe, invulnérable, à l’allure du trot, au milieu des défenses. Elle arrache les réseaux et va écraser les mitrailleuses sur place.

A huit heures quarante, au centre du front d’attaque, les tanks entraient dans Flers, suivis par les troupes. A dix heures, celles-ci attaquaient la sortie Nord du village ; à midi, elles occupaient les tranchées allemandes établies au-delà. Plus à droite, au Nord-Est de Ginchy, elles conquéraient le plateau 154 et arrivaient au contact de la forte ligne Morval-Les Bœufs-Gueudecourt. Plus à gauche, au contraire, elles enlevaient enfin le bois des Foureaux. La principale défense de ce bois était, à son angle oriental, un large cratère de mine, organisé en forteresse. D’autre part, le bois culmine à sa lisière Nord. Les Allemands pouvaient donc, du Nord et de l’Est, le balayer de feux de mitrailleuses. Les troupes britanniques prirent le parti de l’envelopper à gauche et à droite, en se frayant un chemin à travers les trous d’obus et les petits élémens de tranchées qui parsemaient la plaine. Les tanks attaquèrent le fort de la corne Est. Une fois le bois enveloppé, le nettoyage commença par le bas. Sir Douglas Haig pouvait dès lors, comme il l’avait prévu, étendre l’attaque sur la gauche de ce front, et aborder Courcelette et Martinpuich. Ces deux villages furent emportés avant la fin du jour.

A Martinpuich, derrière les premières tranchées allemandes, d’autres tranchées, combinées avec des trous d’obus organisés, formaient un réseau inextricable. Les tanks y passèrent sans difficulté. Un commandant de bataillon, terrifié, se rendit au monstre lui-même et fut ramené comme passager. L’infanterie ainsi précédée arriva sans peine au village ; mais l’ennemi avait organisé les ruines, qui ne furent emportées qu’après un combat acharné. A Courcelette, les Allemands avaient eux-mêmes attaqué deux heures avant l’attaque anglaise, et ils avaient pénétré dans les lignes de nos alliés, où ils se trouvèrent débordés par l’assaut, tués ou pris. Devant