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alliées et le sérieux désir qu’avait chacune d’aider l’autre ont fait le même office et écarté toutes les difficultés. »

A la gauche britannique, d’autre part, c’étaient toujours les défenses de la ligne allemande originale qui arrêtaient l’armée du général Gough. Les ordres du 3 juillet donnaient à celui-ci le rôle de pivot de manœuvre, et ne lui prescrivaient qu’une avance lente et méthodique. Ce programme avait été réalisé avec beaucoup d’habileté et d’endurance, mais le temps approchait où la prise de Thiepval allait devenir indispensable. Déjà les troupes britanniques étaient à l’Est au contact de la ferme du Mouquet, qui restait aux Allemands. Tournant de là au Sud-Ouest, la ligne traversait une large vallée interdite par un ouvrage nommé le Wonderwork, qui fut brillamment enlevé le 14 septembre. Puis, en continuant vers la gauche, le front anglais enveloppait Thiepval par le Sud et par l’Ouest.

C’est dans ces conditions que se prépara la grande attaque du 15 septembre. Le plan de sir Douglas Haig était d’attaquer par sa droite, entre le bois des Foureaux et Morval. Si cette attaque réussissait, on retendrait à gauche sur le front Courcelette-Martinpuich. La préparation commença le 12. La dernière phase commença le 15 à six heures du matin. A six heures vingt, l’assaut fut donné. C’était un joli matin, avec la brume blanche d’automne posée sur le terrain. Les avions anglais, que le soleil faisait étinceler, tournaient au-dessus de la bataille, environnés des bouquets blancs des shrapnells. Les uns donnaient la chasse aux avions ennemis, dont quinze furent détruits et neuf contraints à s’abattre. D’autres descendaient à petite portée sur les lignes allemandes, mitraillaient les fantassins dans les tranchées et les artilleurs à leurs pièces. D’autres enfin renseignaient le commandement. La maîtrise de l’air par les Alliés pendant la bataille de la Somme est un trait caractéristique. Ce n’est guère qu’à la fin de septembre que les Allemands rétablirent l’équilibre. Les tanks apparaissaient pour la première fois et l’effet de surprise contribua à la victoire. On connaît le curieux aspect de cette machine, qui a la forme d’un ressort de voiture. L’avant, en cuiller comme celui des bateaux, porte un éperon. Un armement à bâbord, un autre à tribord, donne des feux latéraux, tandis qu’un troisième permet de tirer devant soi. Le système de propulsion est celui des chenilles qu’on emploie en Amérique aux défrichemens. Une extrême