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XVIIe corps, la 36e. Ces troupes étaient disposées sur les deux côtés d’un angle obtus, ouvert d’environ 120 degrés, qui avait sa pointe à Soyécourt ; sur la face droite, de Barleux à Soyécourt, les Allemands faisaient face au Nord-Ouest ; sur la face gauche de Soyécourt à Chilly, ils faisaient face à l’Ouest. Le pays est une alternance de plaines et de vallons, avec des bouquets de bois. Ces vallons sont délicieux. Les routes bordées d’ormes font des arceaux de verdure. Les lentes ondulations font varier les lignes. Au moment où la bataille s’engageait, les blés, grandis sur le riche limon, commençaient à s’assembler en meules ; les bois, qui sont souvent de la futaie, laissaient pénétrer le regard dans des demeures d’ombre verte.

Sur la face droite, la première ligne de tranchées ennemies fut enlevée et le front français ; qui passait au Sud de Belloy et d’Estrées, fut porté jusqu’aux lisières de Deniécourt et de Berny, dépassant d’un kilomètre au Sud la route d’Amiens à Péronne. — Au centre, Soyécourt, qui formait la pointe du saillant allemand, fut attaqué sur ses deux faces, par le Nord et par le Sud-Ouest, et emporté. — Enfin, à la face droite du Saillant, au Sud de Soyécourt, la première position allemande s’appuyait aux villages de Vermandovillers (1 kilomètre au Sud de Soyécourt), et de Chilly. Vermandovillers fut débordé à gauche et à droite et en partie conquis. Chilly fut enlevé ; après l’avoir dépassé de 700 mètres, les Français trouvaient un long ravin, allongé du Nord-Ouest au Sud-Est, et profond d’une dizaine de mètres. Ce ravin a été dépassé. Enfin, entre Vermandovillers et Chilly, à mi-chemin des deux villages, les Français emportèrent la lisière d’un assez grand bois, long d’un kilomètre, mais peu profond, qui couvre immédiatement Chaulnes. La vigueur du choc est attestée par 2 700 prisonniers. Le 5, les Allemands contre-attaquèrent vigoureusement par l’aile droite de leur saillant entre Barleux et Berny, sans, pouvoir faire plier nos lignes. Bien mieux, plus à l’Ouest, entre Berny et Soyécourt, le progrès des Français continuait vers Deniécourt, qui était attaqué du Nord par Estrées, de l’Ouest et du Sud par Soyécourt. Le village est couvert par un parc : les Français enlevèrent les tranchées qui couvraient ce parc, et abordèrent les lisières. — Le 6, plus à l’Est, ils enlevaient la plus grande partie de Berny.

En trois jours, 3, 4 et 5 septembre, les Allemands avaient