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puissamment organisé. Il fut emporté et Guillemont fut pris et conservé malgré trois violentes contre-attaques. A deux kilomètres plus au Sud, en contact avec les Français, la ferme de Falfemont, atteinte au début de l’action par les fusiliers anglais, ne put être conservée, mais elle se trouva débordée au Nord, et, attaquée ainsi de front et de flanc, elle fut prise le 5. Au Nord-Est de Guillemont, les troupes britanniques avaient poussé sur Ginchy, qu’elles avaient occupé dans l’après-midi du 3 ; mais les contre-attaques allemandes avaient repris une grande partie du village, où les deux adversaires restaient face à face. De Guillemont, occupé le 3, nos alliés poussèrent vers l’Est. La route de Combles, comme nous l’avons vu, descend dans un fond, et au bout d’un kilomètre passe entre le bois de Leuze à droite et le bois des Bouleaux à gauche. Les troupes britanniques atteignirent le 5 le bois de Leuze et en chassèrent complètement l’ennemi le 6.

Ainsi, du 3 au 6 septembre, la droite britannique avait progressé sur un front de 3 kilomètres, avançant de 1 500 mètres, et, ce qui est plus important, rompant la barrière que l’ennemi lui opposait depuis sept semaines. Le succès fut complété le 9 par la prise de Ginchy. Les Irlandais furent encore chargés de l’opération. Les compagnies de gauche parties à 300 mètres atteignirent les objectifs en huit minutes ; les compagnies de droite, arrêtées par des mitrailleuses, durent amener un canon de tranchée. Depuis le 1er juillet, nos alliés avaient fait 17 000 prisonniers.

La 3e division allemande, qui avait supporté le 3 l’effort de la droite britannique, dut être relevée. Dans la nuit du 5 au 6, on voit apparaître à sa place des élémens de la 24e division, qui était en réserve. Mais suivant un système fréquent chez les Allemands, ces élémens ne paraissent avoir été là que pour protéger la relève. Ils disparaissent dès le 8, et l’on voit à leur place deux régimens, appartenant à deux divisions et ramenés des bords de l’Aisne : le 28e de réserve (16e division de réserve) qui s’établit au bois des Bouleaux, et le 161e (15e division) qui s’établit à droite, au Nord-Est de Ginchy.

Les combats du 3 septembre et des jours suivans avaient eu pour résultat, dit le Communiqué britannique du 5, « la prise de l’ensemble de ce qui restait de la seconde ligne de défense ennemie partant de la ferme du Mouquet jusqu’au point de jonction des lignes anglaises et françaises. »