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Sellier l’aperçut, s’élança seul, s’en empara et ramena les cinq servans prisonniers. A la gauche, les troupes ont atteint en un quart d’heure la tranchée Heilbronn, distante là de 8 ou 900 mètres. A cinq heures cinquante, tout l’objectif était atteint. Le régiment avait fait 263 prisonniers.

Ainsi, dans cette journée du 12, le progrès s’était fait surtout par le centre et la droite, entre Maurepas et la Somme. Le 16, un nouveau combat porta à son tour la gauche en avant, entre Guillemont au Nord et Maurepas au Sud. Une ligne de tranchées fut enlevée sur un front de 1 500 mètres, et la route Guillemont-Maurepas fut atteinte, comme la route Maurepas-Cléry avait été atteinte le 12.

Cependant la moitié Nord de Maurepas restait à l’ennemi. L’honneur de la reprendre « revint, dit une relation officieuse, au 2e bataillon du 1er régiment d’infanterie. C’est l’ancien régiment de Cambrai. Beaucoup de ses hommes sont originaires des pays envahis. Pour eux se battre à Maurepas, c’était ouvrir une des portes de leur province. » L’attaque fut commandée pour le 24 août, à dix-sept heures quarante-cinq. L’ennemi, malgré un terrible bombardement, avait encore deux mitrailleuses intactes : l’une utilisait des talus à gauche de la route de Combles, tout à fait dans l’axe de l’attaque ; l’autre, une maisonnette à droite. A seize heures trente, ces mitrailleuses tiraient encore. Au même moment, l’artillerie française allongea son tir ; les troupes d’assaut gagnèrent en rampant les parallèles de départ qu’elles avaient évacuées pour ne pas recevoir les coups courts de leurs propres pièces. La mitrailleuse du talus fut prise par une manœuvre d’une précision remarquable. Le commandant Frère, qui commandait l’attaque, avait fait amener avec beaucoup de peine un canon de 37, qu’il établit en flanquement perpendiculairement sur l’axe d’attaque ; au moment précis où ce canon tirerait, et où les mitrailleurs allemands baisseraient la tête sous le projectile, les troupes d’assaut devaient se jeter hors des tranchées et profiter de cette minute de répit pour coiffer l’obstacle. C’est ce qu’elles firent. A minuit, Maurepas était entièrement aux Français, et la position était retournée contre un retour offensif des Allemands, qui ne se produisit pas. Les Français avaient eu affaire à des compagnies d’élite de la Garde.

De leur côté, les troupes britanniques avaient repris