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donc passé au rôle de bastion d’angle. C’est cette pierre angulaire qu’il s’agissait de faire sauter.

Le village, sur une pente montante, se présentait en espalier à nos Alliés, qui l’attaquèrent de trois côtés. A gauche, les territoriaux de Londres se portèrent contre les tranchées de l’Ouest ; au centre, les Australiens eurent la rude tâche de traverser le village même, genre de combat tout à fait à leur goût, dit le correspondant du Times ; enfin à droite un troisième corps, qui n’est pas nommé, dut déborder le village à l’Est.

Les Australiens se lancèrent à l’assaut, dans la nuit du 22 au 23, peu après minuit, après un formidable bombardement. Il y avait devant le village deux lignes de tranchées ; la première, récente et mal creusée, fut enlevée d’un bond. Pendant que l’infanterie la retournait, l’artillerie écrasait la seconde ; puis elle allongea son tir, et la seconde tranchée fut à son tour enlevée ; quoique bouleversée, on pouvait voir qu’elle avait été soigneusement faite. Elle était garnie d’Allemands, qui furent passés à la baïonnette ou faits prisonniers. Un troisième bond porta les assaillans aux premiers arbres du village. Le 25 dans l’après-midi, les Australiens avait complètement traversé le village, et donné la main à l’extrémité Nord aux territoriaux travaillant à leur gauche ; les troupes de droite avaient également dépassé le village et repoussé une contre-attaque. Cette extrémité Nord de Pozières est formée par le cimetière. Le cimetière pris, les Bavarois qui l’avaient défendu essayèrent de se replier en terrain découvert sur le moulin qui est à la crête. Les mitrailleuses britanniques en firent un carnage.

Le même jour, l’ennemi lançait sur la 4e armée deux fortes attaques, l’une autour du bois des Foureaux, l’autre au Nord-Ouest du bois Delville ; elles furent repoussées et, le 27, nos alliés reprenaient la totalité du bois Delville ; le 29, ils nettoyaient d’Allemands la partie Nord de Longueval et les vergers.

La possession du bois Delville et de Longueval qui s’y appuie étant assurée, la droite britannique passa le 30 à l’attaque sur la ligne Guillemont-Falfemont, en liaison avec une attaque de la gauche française. Un bataillon entra dans Guillemont qu’il traversa, mais n’étant pas soutenu latéralement, dut se replier. Une nouvelle attaque, le 7 août, eut le même sort. Nos alliés