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deux armées devaient être coordonnées. Enfin, tout en portant l’effort principal à la droite, il ne fallait pas permettre à l’ennemi de s’y opposer avec toutes ses forces, et, pour cela, il ne fallait rien relâcher de la pression à la gauche.

De leur côté, après le premier choc reçu, les Allemands firent d’énergiques efforts pour enrayer la marche des Alliés. Nous les avons vus, du 1er au 10 juillet, engager sur la Somme dix-huit divisions ; du 10 au 31 juillet, ils en amenèrent douze nouvelles, et ramenèrent une seconde fois au combat trois de celles qui avaient déjà été engagées. Une seconde phase de la bataille va donc commencer, consacrée à l’usure de ces forces nouvelles, où les gains de terrain seront moins considérables, où l’ennemi contre-attaquera avec une énergie sans résultat. Cette phase de réaction commence à la moitié de juillet et dure tout le mois d’août. Elle ne prend fin que par la prise de Guillemont le 3 septembre, suivie dix jours plus tard par celle de Ginchy.

La contre-offensive allemande sur le saillant de l’équerre britannique au bois Delville eut lieu le 18 juillet dans l’après-midi. L’ennemi reprit tout le Nord et le Nord-Est du bois, ainsi que la moitié Nord de Longueval, Mais les troupes britanniques restèrent accrochées avec beaucoup d’énergie à la corne Sud-Est du bois ; plus au Sud, trois attaques allemandes sur la ferme de Waterlot échouèrent.

La véritable bataille commença le vendredi 20 juillet par une grande attaque des Alliés. S’il faut en croire un article d’un collaborateur militaire, visiblement inspiré, dans le Lokal Anzeiger du 22 juillet, le choc était attendu. « C’est une partie du programme de toutes les offensives, même partielles, de l’ennemi, écrivait ce journal, que toutes les attaques projetées sont annoncées au monde entier plusieurs jours d’avance. C’est ainsi que le Novoïé Vremia, qui a des attaches particulières à l’ambassade anglaise de Saint-Pétersbourg, écrivait au commencement de la semaine que le choc principal de l’offensive franco-britannique se produirait dans quelques jours. Des masses de canons et d’hommes auraient été amenées, et derrière le front une nombreuse cavalerie, était, prête à s’engager au moment voulu. »

Dès le 19, les troupes britanniques exécutèrent en Flandre, à Fromelles, une diversion avec deux divisions pour fixer les réserves ennemies. Puis le 20, les Alliés lancèrent l’attaque sur tout le front depuis Pozières à gauche jusqu’à