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franco-britannique de la droite pût progresser vers l’Est.

Or, ces troupes britanniques du centre avaient devant elles la seconde position allemande.

L’occupation du bois de Mametz et du bois des Trônes permettait de passer à l’assaut de cette seconde position. L’attaque fut décidée pour le 14 juillet, à l’aube, sur le front Longueval inclus-bois de Bazenlin-le-Petit inclus. Sur la gauche, à un kilomètre dans l’Ouest, sur un éperon, la villa Contalmaison, conquise, couvrait le flanc des assaillans. L’artillerie avait pu être avancée, et le terrain permettait des tirs d’enfilade sur les lignes ennemies. La préparation commença le 11. Une difficulté particulière venait du large espace qui séparait les tranchées britanniques des tranchées allemandes. Dans la nuit du 13 au 14, les troupes d’attaque se portèrent en avant de 1 000 à 1 500 mètres, dans l’obscurité, sous le couvert de fortes patrouilles, sans que l’ennemi s’aperçût du mouvement, et elles se rangèrent au pied des crêtes à une distance de 300 à 500 mètres des tranchées ennemies, sans avoir cessé un instant de se sentir les coudes. Sir Douglas Haig fait remarquer la hardiesse et la précision de ce mouvement, exécuté par des troupes improvisées depuis la guerre, et il ajoute qu’il eût été impossible, si le terrain n’avait été minutieusement reconnu, dans la plupart des cas, par les commandans des divisions, des brigades et des bataillons, opérant en personne avant de donner leurs ordres.

Il faisait une nuit sombre, chargée de gros nuages. Une planète brillait à l’Est, l’horizon était bordé de la bande blanche et jaune des éclatemens, surmontée de la pluie lumineuse, blanche, verte, rouge, des fusées. A travers le fracas, des hommes racontent qu’ils ont entendu chanter l’alouette et la caille. A trois heures vingt-cinq du matin, quand il y eut assez de jour pour reconnaître à petite distance l’ami de l’ennemi, l’assaut fut donné sous l’aube froide. Précédées d’un barrage d’artillerie bien exécuté, les troupes entrèrent sur tout le front dans la position ennemie. Le barrage ennemi se déclencha trop tard et tomba derrière les assaillans.

A la droite, nos alliés, qui occupaient déjà la partie Sud du bois des Trônes, le purgèrent entièrement d’ennemis, délivrant un petit groupe de 170 hommes du Royal West Kent, qui, cernés depuis la veille, mais armés de mitrailleuses, avaient