Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 45.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cherche à étendre l’action des zemstvos et les développemens qu’il imprime à cette institution sont considérés comme un premier essai de gouvernement local. Enfin, ne pouvant rien obtenir du cabinet de Constantinople, l’Empereur se jette dans la guerre pour empêcher que la situation ne s’envenime et pour libérer les Chrétiens. Victorieux de la Turquie, les Russes imposent aux vaincus des conditions que ceux-ci, après avoir vainement essayé de s’y soustraire, sont contraints de subir. Mais les Puissances interviennent alors pour réviser le traité de San Stefano, par lequel le cabinet de Saint-Pétersbourg a manifesté la volonté de mettre les Turcs dans l’impuissance de recourir à de nouveaux excès. Au Congrès de Berlin, l’empereur Alexandre a le regret d’être contraint de sacrifier aux exigences de l’Europe coalisée contre lui une part des avantages qu’il devait à ses victoires et la douleur de voir la France se ranger parmi ceux qu’en ces circonstances il considère comme ses ennemis. Cependant, en se soumettant à ce qu’il est contraint de subir, il ne lui en garde pas rancune, au moins en apparence, et sa bienveillance pour le général Le Flô n’en semble pas altérée. Mais bientôt une autre déception vient aggraver la situation qui lui est faite. L’Allemagne, après avoir favorisé les vues ambitieuses de l’Autriche, s’allie à elle. La question se pose alors pour le Tsar de savoir si son intérêt lui commande de se faire l’adversaire de cette alliance ou si, au contraire, il ne doit pas tenter d’y entrer.

L’occasion serait bonne pour la République française de profiter des tergiversations impériales pour s’unir à la Russie et pour former en face de l’entente austro-allemande un autre groupement qui tiendrait en respect Vienne et Berlin. Mais, à cette époque, la politique coloniale du gouvernement français est si nettement favorisée par l’Allemagne qu’il se laisse entraîner dans une voie qui assurera sa sécurité en détournant de la France la guerre dont il la croyait menacée par le vainqueur de 1870. Tels sont les événemens qui se déroulent pendant l’ambassade du général Le Flô.

On se rappelle qu’elle prit fin au commencement de l’année 1878, lorsque à Paris, le maréchal de Mac-Mahon, Président de la République, descendit du pouvoir. L’ambassadeur qui déjà, à plusieurs reprises, avait demandé son rappel, renouvela sa demande et cette fois en des termes tels qu’il était impossible