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REVUE. — CHRONIQUE.

« Les territoires situés à l’Ouest de la ligne convenue et qui ont appartenu à la Russie ne seront plus soumis à la souveraineté russe... L’Autriche-Hongrie et l’Allemagne ont l’intention de régler le sort futur de ces pays, d’accord avec la population. » Annexions non seulement au Nord, mais au Sud ; la Turquie elle-même récupère et annexe : « La Russie fera tout ce qui est en son pouvoir pour assurer l’évacuation rapide des provinces orientales d’Anatolie et leur restitution régulière à la Turquie. Ardahan, Kars, Batoum seront également évacués sans retard par les troupes russes. » Par crainte d’un retour de raison, d’un réveil fort improbable, « la Russie procédera sans délai à la démobilisation complète de son armée, » y compris la fantastique ou fantomatique armée révolutionnaire. Elle internera ou désarmera ses navires de guerre, et ceux de ses alliés, s’il s’en trouve dans ses ports (cela, comme le reste, la délégation du Soviet l’a accepté sans examen ; ils ont fait pour nous comme pour eux, grand merci ; mais il leur était plus facile de signer que de garantir l’exécution). La Russie reconnaît la République de l’Oukraine et adhère au traité que le nouvel État a conclu avec la Quadruplice. Le territoire oukranien sera immédiatement « débarrassé des troupes russes et de la garde rouge. » Plus d’agitation, plus de propagande contre la Rada. — Sur la Baltique, l’Esthonie et la Livonie seront évacuées sans délai par les troupes russes et par la garde rouge. Ces deux provinces seront occupées par une force de police allemande. » Jusques à quand ? « Jusqu’à ce que la sécurité soit assurée par des institutions nationales propres et l’ordre constitutionnel établi. » La sécurité : autrement dit, la domination des barons baltes, des descendans des chevaliers porte-glaives ; l’occupation : autrement dit, le protectorat allemand, tant qu’il plaira à l’Allemagne. Plus haut, les îles Aland seront incontinent, ni plus ni moins que la Livonie, l’Esthonie et l’Oukraine, évacuées par la garde rouge et par les troupes russes. La flotte russe quittera les ports finlandais. Les fortifications élevées sur les îles Aland devront disparaître aussi tôt que possible. Un paragraphe entortillé amorce la prépondérance de l’Allemagne dans la Baltique. (On sait qu’elle n’a pas perdu de temps pour faire lever le germe qu’elle y avait introduit, et que, sous prétexte d’être appelée à l’aide par le gouvernement finlandais, elle a, sans nul souci des justes susceptibilités de la Suède, combiné un débarquement, avec occupation soi-disant temporaire, dans ces îles où Stockholm voyait une menace permanente, quand elles étaient russes.) A l’autre extrémité du défunt Empire des Tsars, la Perse et l’Afghanistan, qui n’étaient