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VII

Lorsque, le 29 novembre 1917, se réunit à Paris, sous la présidence du gouvernement français, la Conférence des Alliés, c’était la première fois que les États-Unis s’y faisaient représenter. Le chef de leur délégation était le colonel House, envoyé spécial du président Wilson, et le confident de sa pensée. Parmi les dix-sept États dont les délégués siégeaient à cette Conférence étaient ceux qui, quelques mois auparavant, avaient répondu à l’appel des États-Unis et suivi leur initiative : la République de Cuba, le Brésil, et les deux États de l’Asie orientale, le Siam et la Chine rattachés par l’influence américaine à la cause des Alliés. Quant au Japon, dont les représentans avaient, depuis l’origine, assisté aux réunions de Paris, de Londres ou de Rome, il venait de marquer, par la mission du vicomte Ishii à Washington, sa sympathie et sa gratitude pour l’entrée de la République fédérale dans la grande Alliance.

La manière dont était composée la délégation américaine, qui comprenait des représentans de la guerre, de la marine, des finances, du commerce et de l’industrie, et la part prise par ces représentans aux travaux des diverses sections de la Conférence attestèrent la précision de méthode, la fermeté de dessein, la sûreté d’exécution dans la préparation d’un concours pour lequel avaient été prévus, dès la première année, avec les crédits nécessaires, la levée d’une armée de deux millions d’hommes, le transport de ces hommes en Europe, leur équipement, ravitaillement et entretien, sans que cependant fût en rien diminuée l’assistance généreusement prêtée par les États-Unis à toutes les nations alliées.

Mais, autant et plus que ces prévisions et mesures grandioses, ce qui avait ému et réconforté les Alliés et le monde, c’était, depuis la fin de l’année 1916, le sens donné à la guerre, le but assigné à son effort par les États-Unis et leur Président, la résolution prise ensuite par eux, à partir du 6 avril 1917, de mener jusqu’au terme, jusqu’à la victoire, une lutte, pour laquelle ils étaient prêts, comme le maire de Chicago l’a dit un jour à M. Viviani, à donner leur dernier homme et leur dernier dollar. Cette grande démocratie américaine, dont la politique extérieure s’était pendant un siècle résumée dans la