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De cette guerre si menaçante et si décisive pour les destinées de l’humanité, dans laquelle se jouait l’avenir du monde, ce sont les États-Unis, c’est le président Wilson qui ont, par une observation attentive, par une conscience scrupuleuse, compris et pénétré tout le sens, et qui, l’ayant saisi, ont formé la résolution héroïque de se prononcer, de jeter dans la balance le poids de toutes les forces matérielles et morales dont ils disposaient. C’est la grande République du Nouveau Monde qui, placée entre les deux anciens mondes, l’Europe et l’Asie, a senti, devant la menace allemande, la nécessité, d’abord de se ranger elle-même tout entière aux côtés des Alliés, ligués pour la bonne cause, puis de proclamer hautement qu’une telle guerre ne comportait plus de neutres et d’appeler au combat tous ceux qui n’avaient pas encore pris parti, notamment ceux sur qui, par sa situation géographique, comme par son influence politique et morale, elle pouvait exercer quelque empire. Lorsque, le 4 février 1917, le président Wilson rompit les relations diplomatiques avec l’Allemagne, il fit dès ce même jour à tous les neutres qu’il considérait que leur devoir était d’agir de même. Sa voix fut entendue sur tout le continent américain, dont les diverses républiques peu à peu se mirent en devoir de le suivre. Elle fut entendue de même sur l’autre rive du Pacifique et jusqu’au détroit de Malacca. La Chine, le Siam répondirent à son appel. Quant au Japon qui, dès la première heure, comme allié de l’Angleterre, avait pris part à la lutte, il tint cependant à témoigner qu’il se rendait compte combien l’action des États-Unis dans le conflit mondial éclairait et fortifiait le sens et la portée de la guerre, combien elle en seconderait l’issue, combien tous les Alliés, et lui le premier, avaient à se concerter, à s’unir avec la grande République pour la conduite et la direction de la guerre, pour la mise en commun de toutes les forces et de toutes les ressources, pour la détermination et l’exécution des mesures destinées à assurer la victoire et à libérer l’univers.

Le Siam avait, dans les vingt dernières années, laissé s’accroître chez lui les entreprises et l’influence allemandes. La navigation de cabotage, l’exploitation des chemins de fer et des mines, les banques, le patronage que la légation d’Allemagne exerçait sur ses protégés chinois, tous ces moyens d’action servaient à étendre peu à peu et à aggraver l’emprise germanique.