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obtenir de la législature de Californie le retrait ou l’amélioration du bill, la loi, telle qu’elle fut volée et sanctionnée par le gouverneur de l’État confédéré, souleva, de la part du gouvernement japonais, des protestations qui, bien qu’exprimées dans la forme diplomatique la plus correcte, trahissaient une douloureuse amertume. Il faut relever, à l’honneur des deux gouvernemens, dans les entretiens et la correspondance échangés entre eux à ce sujet, et qui furent publiés à Washington comme à Tokyo le 26 juin 1914, la dignité et la noblesse avec lesquelles ils s’en remettaient au travail du temps, à l’équité et à la générosité des deux pays pour fixer une solution qui leur échappait encore. Aussi bien l’heure était-elle imminente où les deux peuples allaient trouver dans les mêmes grands devoirs, dans leurs communes aspirations, dans la tâche que le destin et leur prévoyante conscience leur assignaient, l’union des esprits et des cœurs, l’alliance au creuset de laquelle toutes divergences se fondraient.


V

Lorsque, les 1er et 2 août 1914, les Empires germaniques déchaînèrent sur le monde le fléau de la guerre qu’ils avaient préméditée et préparée, les États-Unis, comme les États de l’Asie orientale, le Siam, la Chine, le Japon, proclamèrent d’abord leur neutralité. Mais le Japon, dès que la Grande-Bretagne entra en lice, c’est-à-dire dès le lendemain de la violation par l’Allemagne du territoire belge, se tint prêt, comme allié depuis douze ans du Royaume-Uni, à accomplir tout son devoir. Le 15 août il lançait contre l’Allemagne un ultimatum qui, le 23 du même mois, devenait une déclaration de guerre. Nous avons déjà exposé ici même[1] ce que fut sur le continent asiatique, sur le Pacifique, l’océan Indien et la Méditerranée, dans ses arsenaux et usines, dans son action politique et économique constante avec les Alliés, la participation du Japon à l’œuvre commune. Le rôle des autres États de l’Asie orientale et des États-Unis d’Amérique ne se dessina, ne fut déterminé et fixé, que quand la guerre s’étendit de proche en proche, par le caractère que lui donna la frénésie criminelle de l’Allemagne :

  1. Voyez, dans la Revue, notre article du 15 mai 1917 : L’Extrême-Orient pendant la guerre (1914-1917).