Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/850

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

camarades ! Mais gloire aussi à l’aviation d’observation, à ces couples unis pour le devoir et parfois pour la mort : au lieutenant-pilote Fressagues, et au sous-lieutenant observateur Bouvard, qui soutinrent un combat contre sept appareils ennemis dont un fut abattu dans ses lignes ; au lieutenant pilote Floret et au lieutenant observateur Homo, qui, assaillis par six avions, en incendièrent deux ; au lieutenant Viguier qui, le 18 avril, osa exécuter une reconnaissance à 25 mètres d’altitude au-dessus des positions allemandes, pour en rapporter des renseignemens réclamés par le commandement ; à tant d’autres pilotes et observateurs qui se donnèrent pareillement à leur tâche avec la même audace, la même habileté, la même soumission au devoir ! Gloire enfin à toute cette jeunesse qui du haut des airs jette sur la terre de France, pendant que l’infanterie officie, comme les enfans à la fête Dieu vident leurs corbeilles de roses devant le Tabernacle, à pleines mains, à pleins cœurs les gerbes rouges des épopées !…

L’escadrille des Cigognes a été tout entière citée par le général Duchêne à l’ordre de la Xe armée : « Escadrille N. 3, sous les ordres du capitaine Heurtaux : Brillante escadrille de chasse. Se bat sans répit sur tous les fronts depuis deux ans, montrant le plus magnifique entrain et surtout le plus bel esprit de sacrifice. Sous les ordres du capitaine Heurtaux blessé à l’ennemi, vient de prendre part aux opérations de Lorraine et de Champagne. Pendant cette période a abattu cinquante-trois avions allemands, ce qui porte le nombre de ses victoires à cent vingt-huit avions officiellement détruits et cent trente-deux autres désemparés. »

Aux témoignages de Fayolle et de Foch, qui, sur la Somme, ont vu l’escadrille à l’œuvre, le général Duchêne ajoute le sien au cours de la bataille de l’Aisne.

Cette bataille de l’Aisne, si dure au Chemin des Dames, semble se ralentir en juillet. Les escadrilles de chasse, ou du moins quelques-unes d’entre elles, dont l’escadrille des Cigognes, vont prendre part à une autre offensive, en liaison avec l’armée britannique. Avant de quitter la région de Reims et de Fismes. Guynemer multiplie les randonnées. Un autre que lui, après la rosette, eût accepté ou cherché le repos dans les honneurs. Les honneurs ne servent qu’à l’exciter. Il les mérite avant, le jour même, et le lendemain. Il les dépasse