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gouverner tout l’ensemble, aussi bien la construction des appareils que l’instruction et la tactique des pilotes, était appelé le general-leutnant von Hoeppner, avec le lieutenant-colonel Thomsen pour adjoint. Les escadrilles, au nombre de plus de 270, furent réparties en escadrilles de bombardement, de chasse, de protection et de campagne, ces dernières chargées des reconnaissances, des prises de photographies, des réglages d’artillerie, des liaisons avec l’infanterie. La plupart des nouveautés de ce programme Hindenburg étaient servilement empruntées à l’aviation française. Comme pour le réglage du tir, précédemment, l’Allemagne nous suivait dans la voie des liaisons avec l’infanterie. « L’aviateur d’infanterie consciencieux, dira un compte rendu du commandant de l’aéronautique de la Ve armée (l’armée de Verdun), est le seul moyen d’information digne de confiance pendant le combat… » Et le Kronprinz commandant le groupe d’armées, commentant cette phrase, tirera les conclusions du compte rendu : « Ces enseignement montrent de nouveau que, par un emploi régulier de l’aviation d’infanterie, le chef peut être constamment renseigné sur le développement du combat. Toutefois, la condition préalable d’un travail fructueux dans le combat est d’avoir fait auparavant de nombreux exercices avec l’infanterie, les mitrailleuses, l’artillerie, le personnel de liaison. La tâche de l’aviateur d’infanterie augmente en difficulté avec les intempéries, le labourage du sol par les obus, la violence de l’action ennemie, le fléchissement de nos propres troupes. Lorsque toutes ces conditions défavorables se présentent ensemble, l’aviateur d’infanterie ne peut remplir sa tâche s’il n’est pas particulièrement entraîné. L’aviateur d’infanterie doit prendre souvent contact avec les autres armes ; autant que possible, la troupe à terre doit connaître personnellement son aviateur d’infanterie. Celui-ci doit pouvoir se faire comprendre de l’infanterie si les panneaux de signalisation font défaut… »

Mais ces avions destinés aux liaisons avec l’infanterie et l’artillerie doivent être couverts au cours de leurs manœuvres par des escadrilles de protection. Ils le seront plus efficacement par les escadrilles de chasse qui vont au loin porter le trouble et la mort ou qui barrent les lignes et arrêtent les incursions adverses. Marchant là encore sur nos traces, l’Allemagne développe ses escadrilles de chasse pendant tout l’hiver 1916-1917 ;