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capitaine au mois de mars, — traite avec humanité et courtoisie dès qu’il atterrit. Guynemer qui, dans les citations, était jusqu’alors un « brillant pilote de chasse, » devient un « pilote de chasse incomparable. »


De Lorraine les Cigognes, au commencement d’avril, vont nicher sur un plateau de la rive gauche de l’Aisne, en arrière de Fismes. De nouveaux événemens se préparent : après le retrait des troupes allemandes sur la ligne Hindenburg, l’armée française, en liaison avec l’armée anglaise qui doit attaquer les falaises de Vimy (9-10 avril 1917), va entreprendre cette vaste offensive qui, de Soissons à Auberive en Champagne, battra, comme une lame de fond, les pentes du Chemin des Dames, des collines de Sapigneul et de Brimont et du massif de Moronvillers. Une immense espérance soulève les poitrines, une allégresse sacrée emporte les hommes. La douleur et le sang n’ont pas empêché ce printemps de 1917 de fleurir en sublimes ardeurs de libération et de sacrifice.

L’aviation, comme à la bataille de la Somme, fut au cours de la bataille de l’Aisne en union étroite avec le commandement et avec les autres armes. Sans doute demeure-t-elle dans une triple dépendance qui limite ses possibilités de rendement : la qualité des appareils, la production des usines, la puissance de l’aviation adverse. Mais si, du premier coup, elle ne put imposer sa suprématie et conquérir la maîtrise de l’air, ainsi qu’elle avait pu légitimement le concevoir, elle s’obstina et se fortifia. Ses succès peu à peu s’affirmèrent et grandirent. Elle trouvait en face d’elle un ennemi qui venait d’accomplir, dans le domaine de l’aéronautique, de prodigieux efforts.

Dès le mois de septembre 1916, le haut commandement allemand, mettant à profit les terribles leçons de la Somme où son aviation avait éprouvé tant de pertes et subi de si rudes échecs au cours des trois mois précédens, décidait une réorganisation presque totale de son aéronautique. le programme Hindenburg comprenait une refonte de la direction et de la construction ensemble. Un décret du 25 novembre (1916) détacha des autres armes l’arme des forces aériennes (Luftstreitkräfte) qu’elle plaça, tant au point de vue de son emploi qu’au point de vue technique, sous les ordres d’un officier général, le Kommandeur der Luftstreitkräfte. À ce poste de Kommandeur qui aurait à