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et la tête ornée de plumes, offrant au Vieux Monde, plus correct, une branche d’olivier. N’oublions pas que cette composition se rapporte au titre de la Revue qui était aussi, à cette heure, Journal des Voyages.

Ce numéro, — 15 février 1831, — renferme un article de Soult de Dalmatie sur « la Grèce, » un article de Montalembert ; puis « la Vendée après le 29 juillet, » d’Alexandre Dumas ; « l’Enfant Maudit » de Balzac, et une étude de Sainte-Beuve sur Georges Farcy. En tout, une centaine de pages environ. C’est peu, mais au deuxième semestre de la même année, le menu est plus abondant. Je relève au sommaire « les Diables bleus, » d’Alfred de Vigny, un article de Sainte-Beuve sur les « Poètes et romanciers de la France ; » un article de Victor Hugo sur un « Voyage aux Alpes ; » l’Idole d’Auguste Barbier ; de Gustave Planche, « La Haine littéraire, » une nouvelle de Balzac, et la fameuse « Rose Rouge » d’Alexandre Dumas, qui, donnée à la Revue comme inédite, avait déjà été publiée sous un autre titre, et fut cause, vingt ans après, de bien des reproches du directeur à l’auteur… oublieux.

Pendant plusieurs années, ces numéros présenteront certaines lacunes : la critique n’y apparaitra que de temps en temps ; il n’est pas non plus question de politique avant le 1er octobre 1831, date à laquelle Jules Janin se chargera de la chronique sous ce titre : « Les révolutions de la quinzaine. »

Sainte-Beuve, parlant en 1844 des débuts de la Revue et de sa fondation, reconnaît qu’à cette époque, elle avait plutôt l’aspect d’un magazine. « Lorsqu’il n’y a pas moins de treize à quatorze ans, au lendemain de la révolution de Juillet, cette Revue commença, et qu’elle conçut la pensée de naître, elle dut naturellement s’adresser aux hommes jeunes et déjà en renom, aux écrivains et aux poètes que lui désignait leur plus ou moins de célébrité. M. Hugo, M. de Vigny, bientôt M. Alfred de Musset, George Sand, dès que ce talent eut éclaté, et, au milieu de tout cela, M. de Balzac, M. Dumas, et d’autres personnes qui ne se piquent pas d’être citées en si haut rang à côté d’eux, tous successivement, ou à la fois, furent associés, appelés, sollicités même (plusieurs s’en vantent aujourd’hui) à contribuer de leur plume à l’œuvre commune. On s’essayait, on cherchait à marcher ensemble. Dans ces premières années de tâtonnemens, le corps de doctrines critiques n’était pas encore