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expérience du commerce extérieur, un outillage de transports maritimes, bref, tout un ensemble de conditions économiques ou même géographiques, qui ne peuvent se réaliser par le seul pouvoir de la richesse ou le prestige de l’or. Aussi, nous ne croyons pas que l’improvisation américaine pourrait prévaloir définitivement contre la longue préparation britannique ou française, lorsque le monde, dont l’axe financier est momentanément déplacé, retrouvera son équilibre hors du joug allemand.

Comme conclusion à cette étude, nous formulons donc l’espoir de ne pas nous heurter, après la guerre, à de nouveaux concurrens plus en forme, qui nous mettraient knocked out dans la lutte économique et financière. Nous avons posé, au contraire, le principe d’une étroite collaboration, suivant laquelle les États-Unis continueraient, au temps de paix, leur aide financière dans l’œuvre de relèvement et, utilisant tout ce que nous avons fait dans le monde après une longue expérience, viendraient nous apporter leur concours pour relever ou développer nos propres entreprises. Notre diplomatie d’affaires doit consister en ceci : jeter de multiples ponts des États-Unis vers la France, afin que les énormes capitaux, émigrés vers l’Amérique en règlement de nos achats, nous reviennent comme une manne bienfaisante pour féconder notre action partout où nous avons des positions à défendre. Cette alliance financière, fondée sur une juste compréhension des intérêts en cause, est l’un des buta vers lesquels nous devons tourner ces sympathies américaines, dont nous apprécions aujourd’hui les effets dans la guerre et qui nous aideront demain, dans la paix, à réaliser tous les avantages de notre victoire.

Maurice Lewandowski.