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méconnaître l’importance du rôle qui leur incombe à nos côtés, nous devrons chercher à maintenir nos positions conquises dans l’Amérique du Sud, afin de ne pas laisser perdre la légitime influence qui s’attache à notre importante commandite de capitaux dans ces pays.

C’est pour sauvegarder notre avenir comme grande puissance financière que, pendant cette période de relèvement où nous ne pourrons encore reprendre toute notre ancienne activité sur les marchés étrangers, nous avons tout avantage à nous unir aux Nord-Américains, et de même pour supplanter les Allemands dans les positions commerciales, industrielles ou financières qu’ils avaient conquises à l’étranger, grâce à leur puissante organisation économique, appuyée par une diplomatie très militante. À ce point de vue, nous avons même une véritable communauté d’intérêts avec les États-Unis, qui, eux aussi, auront à défendre contre un retour offensif de la concurrence allemande les progrès réalisés par eux pendant la guerre. C’est donc là une raison de plus pour regarder très attentivement ce qui se prépare aux États-Unis dans cet ordre d’idées, afin de ne pas être surpris par les événemens, mais, au contraire, de prendre dès à présent toutes les mesures nécessaires pour maintenir nos pacifiques conquêtes dans l’Amérique du Sud.


III. — LA PRÉPARATION DE L’APRES-GUERRE

La politique d’expansion financière que préparent actuellement les États-Unis pour en faire leur programme d’après-guerre, a déjà trouvé son expression chez les grands industriels et les banquiers américains, véritables diplomates d’avant-garde, auxquels on laisse le soin de repérer le terrain et d’y prendre position. S’agit-il, par exemple, de l’Argentine, qui est la terre d’élection des capitaux et des influences étrangères, ce sont d’abord les puissantes sociétés frigorifiques de Chicago qui vont explorer ce nouveau domaine, en frayant ainsi la voie à d’autres initiatives industrielles, jusqu’au jour où l’une des grandes banques de New-York vient prendre la tête de ce mouvement.

La finance, alliée au commerce et à l’industrie, et mise au service de la politique d’expansion du pays, telle est la forme suivant laquelle les États-Unis sont entrés dans l’arène mon-