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CARL SPITTELER

II [1]
LE RETOUR A L’ESPÉRANCE

La dernière période de l’activité littéraire de Spitteler, celle de la pleine maturité (1900-1915), est dominée par deux œuvres assez dissemblables et d’inégale longueur, Imago et le Printemps olympien : Imago, lueur rétrospective jetée sur une vie singulièrement pauvre d’événemens extérieurs, mais combien riche de luttes, de rêves, de conquêtes dans les domaines silencieux de la pensée et du cœur ! le Printemps olympien, triomphe de cette grande « poésie à fresque » qui avait été la vision confuse et fascinante de la vingtième année, et le paradis si longtemps défendu !

C’est dans les années mêmes où il rédigeait et remaniait son grand poème que Spitteler a écrit le singulier petit roman autobiographique d’Imago. Une fois de plus, il s’agit de s’expliquer sur la crise capitale de toute vie artiste, de toute vie supérieure : la crise de la vocation. De cette crise, le Prométhée donnait déjà une interprétation musicale, en quelque sorte, largement symphonique. Mais les années ont passé, l’œuvre a mûri, et la gloire est venue ; un modeste héritage, en 1892, a permis à Spitteler de se retirer à Lucerne et d’y vivre, dans son jardin, au bord du lac, la vie du sage et du

  1. Voyez la Revue du 15 janvier.