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pour cette besogne de l’autre côté de la Méditerranée. En Abyssinie, le fanatisme Copte leur répond en martyrisant deux d’entre eux. A Constantinople, ils peuvent croire un instant que la conversion du patriarche schismatique est un fait acquis, mais constatent bientôt qu’une plus longue patience s’impose. En Mésopotamie, ils ont l’oreille des nestoriens, et finissent par convertir, à Diarbékir, un de leurs évêques ; avant la fin du siècle, un patriarcat chaldéen catholique est fondé, qui prépare l’avenir.

La Mésopotamie d’ailleurs est abordée par une autre porte, et c’est encore un Français qui passe, le Carme Jean Duval. Une dame pieuse de Meaux a mis à la disposition de la Propagande une grosse somme pour doter en pays infidèle un évêché, dont le titulaire devra toujours être Français, et la Propagande a créé l’évêché de Babylone. Bagdad en sera le centre ; mais avant d’y entrer, le catholicisme doit faire un long stage à Hamadan, l’ancienne Ecbatane. Il s’y loge avec Duval, premier évêque de Babylone ; il s’y fortifie avec François Picquet, son second successeur. Picquet, tout d’abord, était consul de France à Alep, et trouvait grand succès auprès des Syriens Jacobites, qu’il ramenait à l’unité ; il devient prêtre, évêque, ambassadeur du Roi près de la Perse ; et l’évêché de Babylone, définitivement assis par son habile ascendant, enfonce un second coin dans le bloc nestorien.


VI

Cette occupation de l’Amérique du Nord, ces travaux d’approche dans le Levant, coïncidaient avec deux fondations qui devaient à bref délai multiplier en France même les effectifs d’apôtres : celle des Lazaristes et celle des Missions étrangères. L’apostolat français, en même temps qu’il cherchait les terres vierges, préparait les défricheurs.

Ils se formaient, depuis 1625, dans la congrégation de la Mission, reconnue par Rome en 1632. Monsieur Vincent, son fondateur, ne savait pas bien, ou ne voulait plus savoir, comment il l’avait fondée. « Le bien que Dieu veut, écrivait-il, se fait quasi de lui-même, sans qu’on y pense : c’est comme cela que notre Congrégation a pris naissance. » Il n’avait pas, à proprement parler, un dessein personnel sur ses missionnaires ; il disait