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Dès sa première victoire, Guynemer a conquis l’amitié du fantassin que sa jeune audace a réconforté dans les tranchées. Témoin cette lettre en date du 20 juillet 1915 :


« Le lieutenant-colonel Maillard, commandant le 238e régiment d’infanterie, à M. le caporal pilote Guynemer et au mécanicien Guerder de l’escadrille M. S. 3, à Vauciennes.

« Le lieutenant-colonel,

« Les officiers,

« Tout le régiment,

« Témoins du combat aérien que vous avez livré au-dessus de leurs tranchées à un aviatik allemand, ont applaudi spontanément à votre victoire qui s’est terminée par la chute verticale de votre adversaire, vous adressent leurs bien chaleureuses félicitations et prennent part à la joie que vous avez dû éprouver après un si brillant succès.

« Maillard. »


Le 21 juillet, la médaille militaire est accordée aux deux vainqueurs. Celle de Guynemer est accompagnée de cette citation : « Caporal Guynemer : pilote plein d’entrain et d’audace, volontaire pour les missions les plus périlleuses. Après une poursuite acharnée, a livré à un avion allemand un combat qui s’est terminé par l’incendie et l’écrasement de ce dernier. » Elle lui est remise le 4 août à Vauciennes par le général Dubois, qui commandait alors la VIe armée, en présence de son père qu’on a fait venir. Puis il paie sa gloire toute chaude de quelques jours de fièvre.


II. — DE L’AISNE A VERDUN

La première victoire de Guynemer est du 19 juillet 1915. Il attendra la deuxième près de six mois. Ce ne sera pas faute de l’avoir guettée. Il voudrait chevaucher un Nieuport, mais, somme toute, il a déjà eu son Boche ; en ce temps-là c’est un exploit exceptionnel : qu’il prenne donc patience et laisse les camarades en faire autant. Quand il obtient enfin ce Nieuport tant désiré, il vole 16 heures en cinq jours, et naturellement va parader sur Compiègne. Sans cette dédicace à la maison, l’appareil ne serait pas consacré.