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mande à partir de juillet 1915 (à la suite de nos raids de Ludwigshafen et de Karlsruhe qui provoquèrent en Allemagne une violente crise de colère) pour achever de vaincre les résistances.

Les nations en guerre avaient, au début, ramassé la collection la plus hétérogène de tous les modèles alors disponibles. Mais les méthodiques Allemands imposèrent sans retard aux constructeurs des types déterminés afin de rendre l’harmonie à leurs escadrilles. Ils se servaient alors de monoplans de reconnaissances, sans disposition spéciale pour l’armement, incapables de porter de lourdes charges, et de biplans également destinés à l’observation, non armés et ne possédant qu’un dispositif de fortune pour le lancement des bombes. Les appareils de ces deux séries étaient biplaces, avec le passager à l’avant. C’étaient des Albatros, des Aviatik, des Euler, des Rumpler, des Gotha. Au début de 1915, on vit apparaître les Fokker (monoplaces) et de nouveaux biplaces, Aviatik ou Albatros, modèles plus rapides, avec passager à l’arrière, et munis d’une tourelle tournante pour mitrailleuse. Les troupes allemandes de l’aérostation, de l’aviation, des services automobiles, des chemins de fer, étaient groupées en « troupes de communication » (Verkehrstruppen) et dirigées par l’Inspection générale des communications militaires. Ce n’est qu’à l’automne de 1916 que les troupes d’aérostation, d’aviation et de défense aérienne devinrent indépendantes et sous le titre de Luftstreitkräfte (forces combattantes aériennes) prirent place dans l’ordre de bataille entre les pionniers et les troupes de communication. Mais, dès le milieu de 1915, les progrès réalisés dans l’aviation en font une arme à part qui a ses escadrilles de campagne et, déjà, ses escadrilles de chasse.

Guynemer est dans la bonne voie qui se prépare à la lutte aérienne. La plupart de nos pilotes en sont encore réduits à chasser avec un passager muni d’un simple mousqueton. Plus avisé, il a fait adapter une mitrailleuse à son appareil. Cependant le commandement se prépare à transformer les escadrilles d’armée. Le hardi Pégoud a engagé plusieurs fois le combat avec des fokker ou des aviatik trop entreprenans, le capitaine Brocard a précipité l’un d’eux en flammes sur Soissons, et le dernier venu dans l’escadrille, ce gosse de Guynemer, brûle d’avoir son Boche. Les premiers jours de juillet (1915), le carnet