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l’aile droite, quatre dans le fuselage, de plus un montant et un longeron sont atteints. Le 18, au retour d’une reconnaissance avec le lieutenant Colcomb, on lui compte trois nouveaux éclats : un dans l’aile droite, un dans le gouvernail, un dans le fuselage. Mais le carnet de vol ne contient que les procès-verbaux. Sa correspondance donne plus de détails. « Décidément, écrit-il le 17 juin à sa sœur Odette, les Boches ont pour moi une affection toute spéciale, et les pièces de mon coucou me servent de calendrier. Nous sommes partis hier sur Chauny, Tergnier, Laon, Coucy, Soissons. Jusqu’à Chauny mon observateur a compté 243 obus ; Coucy a tiré 500 à 600 coups, en tout mon observateur estime à 1 000 coups. On n’entendait qu’un roulement, et partout ça éclatait, dessous, dessus, devant, derrière, à droite, à gauche, car nous descendions prendre des photographies à un endroit qu’ils voulaient nous empêcher de voir. On entendait siffler les éclats ; il y en a un qui, d’après les trous dans l’aile, a passé dans le champ de l’hélice sans la toucher, puis à 50 centimètres de ma figure ; un autre est entré par le même trou, mais sans ressortir, je vais vous l’envoyer ; de plus il y en a un dans le gouvernail et un dans le fuselage (le carnet de vol en signale davantage). Mon observateur, qui est observateur depuis le début, dit n’avoir jamais vu une canonnade approchant de celle-là et qu’il était heureux de rentrer. À un moment, il y eut un culot de 105 millimètres, — on le reconnaît à sa forme et à sa couleur d’éclat, — qui nous retombait dessus et qui nous a rasés. On voit en effet souvent les éclats des grosses marmites. C’est très curieux. En rentrant, nous sommes tombés sur le capitaine Gérard, à qui mon observateur a dit que j’avais un cran épatant : zim boum boum ! Il a répondu qu’il le savait… Je vais vous envoyer une photographie de mon coucou avec ses neuf éclats : il est superbe. »

Le lendemain, 18 juin, il adresse ses confidences à sa mère. L’ennemi a bombardé Villers-Cotterets avec une pièce à longue portée qu’il s’agit de repérer. Cette fois, il emmène comme observateur le lieutenant Colcomb : « À Coucy, canonnade terrible de précision : toc, toc, deux éclats de l’aile droite dont l’un à un mètre de moi ; nous continuons à observer au même endroit. Tout à coup fracas effroyable : un obus éclate de 8 à 10 mètres sous l’appareil. Résultat : trois trous, un montant et un longeron abîmés. Nous continuons à observer encore le