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REVUE SCIENTIFIQUE

LES TANKS

Une dépêche venue de la Hollande nous annonçait, il y a quelques jours, que les contrebandiers de ce pays se servaient de « tanks » pour passer la nuit, à travers la frontière, des produits prohibés, tels que le caoutchouc, que les Allemands leur paient fort cher. Bien que le pays des tulipes soit de ceux où les correspondans de journaux sont le moins sujets aux hallucinations d’une imagination débordante, je pense qu’il y a quelque exagération dans ces nouvelles, car étant donné leur faible vitesse, les tanks, signalés par le bruit énorme de leur marche, seraient facilement cueillis au passage par la main incorruptible des douaniers. J’imagine plutôt que cette contrebande batavo-germanique doit être faite par le moyen d’automobiles blindés marchant vite et que leur blindage met à l’abri des coups de feu des surveillans. Mais comme, ainsi que nous allons voir, le « tank » n’est finalement qu’une sorte d’auto blindé à faible vitesse, il y a moins de fantaisie qu’on ne croirait dans son application supposée à la contrebande, et, si j’ai cité cette dépêche, c’est seulement pour montrer que cet engin, naguère inconnu, est déjà tellement entré dans les habitudes humaines, qu’on lui attribue plus de fonctions qu’il n’en peut remplir.

Pour aujourd’hui, c’est spécialement la fonction guerrière des tanks que je voudrais examiner, leur histoire, leur rôle, les diverses modalités présentes et peut-être futures de leur emploi tactique. On peut maintenant le faire sans inconvénient, car il est arrivé déjà que quelqu’un de ces engins tombe aux mains de l’ennemi qui n’ignore plus rien à leur sujet.