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entretien entre les deux hommes d’État à bord de la Justice, le 16 juin. Il est assez pénible pour le président du Conseil d’expulser certains de ses concitoyens ayant occupé des situations éminentes et qu’il a fréquentés presque quotidiennement. Cependant il n’hésite pas à prendre cette mesure dans l’intérêt supérieur du pays, et à donner ainsi au Haut-Commissaire le meilleur gage de sa bonne volonté.

Le 17 juin, celui-ci lui remet deux listes de personnages qui se sont particulièrement signalés par leurs menées germanophiles. Les premiers, au nombre d’une trentaine, devront se présenter au général Regnault, commandant les forces de débarquement, le 20 juin au plus tard. Ils seront embarqués sur le paquebot Basileus-Constantinos, qui quittera le jour même le Pirée pour Marseille. Le gouvernement français fixera l’endroit de leur déportation. C’est Ajaccio, en Corse, qui fut choisi.

Quinze d’entre eux, les plus notoires, sont exacts au rendez-vous. Ce sont : MM. Gounaris, ex-président du Conseil ; Pesmazoglou, député ; Mercouris Spiro, ex-maire d’Athènes, et Mercouris Georges, député, fils du précédent ; Général Dousmanis, ex-chef de l’état-major général ; Colonel Jean Metaxas, ex-sous-chef de l’état-major général ; Dragoumis Jean, publiciste ; Blum, professeur à l’Ecole allemande ; Hoesslin, chef de la propagande allemande, successeur de Schenk ; Douplias et Ramos, chefs de bandes ; Jean Saghias, président général de la ligue des réservistes ; Gaetlich, Koppler, Mme Bertha Woertz, sujets allemands.

Les quinze qui ne se présentent pas sont, pour la plupart, des gens de moindre importance n’habitant pas l’Attique et n’ayant pas pu rejoindre au délai fixé le port d’embarquement. Huit d’entre eux viennent, dès la semaine suivante, se remettre entre les mains des autorités françaises. Un agitateur des plus dangereux, le chef des épistrates, Livieratos, ancien procureur du Roi, réussit à s’enfuir et à gagner le Péloponèse. M. Jonnart le fait poursuivre ; il donne l’ordre que ses immeubles de Céphalonie soient occupés par les troupes françaises ou les réfugiés grecs.

La seconde liste comprend cent trente personnes qui doivent être mises en surveillance : deux anciens présidens du Conseil, MM. Spiridon Lambros, et Stéphane Skouloudis ; six anciens ministres, un général, un amiral, des colonels,