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LA FRONTIÈRE MILITAIRE
DU NORD-EST

Entre toutes les conditions d’une paix de justice et de durée, s’il en est une qui apparaisse clairement et soit acceptée de tous les Alliés, c’est bien le retour de l’Alsace-Lorraine à la France. Certes, elle n’est qu’une des conditions de cette paix, si nécessaire à l’Europe et au monde. Et d’autres, aussi graves, aussi indispensables, devront être imposées. Mais celle-ci est à la base de toutes les autres, car elle est de droit absolu et imprescriptible. Il n’y a pas de doute non plus que c’est sur elle que l’Allemagne se montrera le plus réfractaire, le plus irréductible, et en cela elle marquera définitivement sa défaite. Toute l’œuvre bismarckienne, fondée sur la spoliation et sur le mensonge, tombera du coup, et ce n’est qu’à ce prix que l’équilibre de l’Europe pourra être rétabli.

Je ne viens donc pas aujourd’hui, après tant d’autres et après l’abbé Wetterlé récemment dans cette Revue, rappeler nos justes revendications sur l’Alsace-Lorraine. Nous savons tous que nous nous battons pour les deux provinces fidèles ; nous savons que nos sacrifices, que nos deuils et nos ruines seront payés largement par leur rattachement à la mère-patrie. Des Français peuvent être incertains, divisés même d’opinion, et trop souvent ignorans, en ce qui concerne les conditions nécessaires et possibles de la paix générale ; mais quel est celui, en France, qui oserait émettre un doute, non pas sur le principe même de nos droits, mais sur la réalisation de ces droits,