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cependant que, sûrs du succès, les nôtres se massaient déjà pour faire leur entrée solennelle dans la Ville sainte.

Tout combat cesse, dans l’après-midi du 9, et l’officier commandant les troupes d’attaque se concerte avec le maire de la ville. Pour occuper Sion, on attend le général Allenby et les représentans alliés se bornent à faire poster par les autorités indigènes des gardes autour des édifices publics. Le détachement qui doit accompagner le commandant en chef est formé de Londoniens, d’Ecossais, d’Irlandais et de Gallois. Un peloton de 50 cavaliers à pied représente l’Australasie, 50 fantassins représentent la France et 50 l’Italie.

Il est midi. Autour de la Porte de Jaffa, la population non musulmane, à laquelle se mêlent toutefois quelques mahométans, s’est rassemblée. Simplement, ayant à sa droite, M. François Georges-Picot, et le colonel de Piépape, à sa gauche, le major Agostino ; le commandant en chef fait son entrée dans la ville. Des aides de camp, des gardes d’honneur le suivent, et Borton Pacha, haut fonctionnaire égyptien et nouveau gouverneur militaire, reçoit le cortège. En même temps, on lit une proclamation qui recommande le calme et le respect des Lieux Saints, dont des détachemens alliés renforcent ; désormais, les gardes habituelles.

En quelques heures, tout est terminé. La population orientale se disperse laissant aux carrefours des ruelles la note vive d’un habit éclatant ou la brève silhouette d’un geste vif ; et c’est à peine si quelque uniforme bleu ou kaki, entrevu à l’ombre d’une maison, rappelle qu’après dix siècles de domination turque, Jérusalem est enfin délivrée !


V

Ainsi, des quatre provinces de Palestine deux sont entre nos mains, et c’est vers Samarie et la Galilée que vont se porter, maintenant, les efforts des Anglais. Ils y rencontreront des montagnes difficiles, tandis que les Turcs, rapprochés de leurs bases, s’appuieront davantage sur les voies de communication dont Naplouse est le centre, et sur la ligne de rocade Saint-Jean d’Acre-Damas. — Une partie de la IVe armée se retire vers l’Est, par Jéricho. De ce côté, les victoires de Palestine vont influer sur le sort du Hedjaz. Depuis qu’en 1916 le Grand