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bombardement auquel le Requin prit une part glorieuse, l’infanterie enlève avec l’aide des tanks la première ligne devant Gaza et s’y consolide.

Kress von Kressenstein décide alors d’évacuer la ville. Une pause de quelques jours suit, pendant laquelle l’aviation anglaise très active bombarde Caïffa et les voies ferrées. La préparation d’artillerie recommence avec une telle violence que devant Ali Muntar, d’heure en heure, sous la pluie d’acier on voit la colline qui, pétrie, prend de nouvelles formes. Les Turcs faiblissent et quand, le 6 novembre au matin, l’infanterie britannique s’avance derrière ses barrages protecteurs, elle balaie toute résistance. Il s’agissait, à droite, de prendre la gare de Tell-es-Sheria dont la chute déborderait le centre turc ; à gauche, d’occuper Gaza, pendant qu’au centre on tiendrait sur place. L’opération réussit à merveille. Déjà, ce n’est plus la guerre de tranchées, car on avance en rase campagne, et la cavalerie enfonce les lignes de Tell-es-Sheria, se jetant vers Huj pour couper les Turcs qui tiennent Kawukak. Les Écossais traversent Gaza au pas de course et, du sable jusqu’à la cheville, gagnent en quelques heures l’embouchure de l’Oued Hézi, 15 kilomètres au Nord. La gare de Beit-Hanum est prise. Sur toute la ligne, Kress von Kressenstein cède, perd des prisonniers par milliers et des canons par dizaines, et la IVe armée, la meilleure qu’ait encore le Sultan, prend la fuite ! Le premier objectif d’Allenby était atteint. Il avait fait triompher la guerre de mouvement et, dès lors, s’ouvre une phase nouvelle de son action…


IV

Parallèlement à l’ennemi en retraite et au voisinage de la cote, s’étendent les ravins desséchés de nombreux torrens qui pourraient appuyer la résistance. Il s’agit d’en déloger vivement les Turcs et d’occuper le croisement des voies ferrées qui mènent à Bir Seba et Jérusalem ; ainsi, la Ville Sainte serait coupée de Damas…

Les opérations vont se dérouler sur le rivage. Bien qu’ils aient franchi 20 kilomètres d’une seule traite, les Écossais parviennent, le 3 novembre, à forcer le passage de l’Oued Hezi, et la retraite du centre turc s’en trouve menacée. L’ennemi sacrifie 15 canons pour couvrir son repli, quand la Yeomanry dans une superbe charge y cloue les servans, et le chiffre des