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1 200 mètres, environ séparaient des lignes anglaises. Mais les retranchemens n’étaient pas continus et avec un chef audacieux la guerre de position pouvait devenir guerre de manœuvre. Le général Allenby vit, aussitôt, l’erreur de ses prédécesseurs : ils n’avaient point utilisé la cavalerie. Les retranchemens ennemis étaient devenus trop puissans pour qu’on les pût prendre de front, et la victoire dépendait de la combinaison d’un large mouvement tournant accompagné d’un assaut direct contre Gaza.

Une seule partie du front était abordable pour des masses de cavalerie : le secteur de Bir Seba qui, à l’Est de la ville, cessait d’être fortifié. Alors, sir Edmund Allenby imagina de jeter ses escadrons entre Hébron et Bir Seba, de manière à déborder cette dernière. Celle-ci tombée, la chevauchée continuerait vers le Nord-Ouest, tandis que les Turcs seraient accrochés devant Gaza. La cavalerie donnerait, alors, en plein sur les lignes, de communication, contraignant la IVe armée tout entière à plier d’un bout à l’autre.

Dans la nuit du 30 au 31 octobre, les cavaliers du général Chauvel se concentrent autour de Bir Seba. A l’aube, les Anzacs montent en selle, et après une longue randonnée coupent les Turcs d’Hébron. Cependant, l’infanterie attaquait Bir Seba par l’Ouest et, bientôt, les 67e et 81e régimens d’infanterie turcs étaient cernés autour de la mosquée. Une charge décisive du 4e de cavalerie légère australienne détermine leur reddition et, au crépuscule, nos alliés occupent Bir Seba. 1 930 prisonniers avec 5 canons étaient envoyés à l’arrière. Surpris, l’adversaire n’avait pu détruire la ville où la gare demeurait intacte, et les ingénieurs britanniques purent aussitôt augmenter le rendement, des puits. Le lendemain, les Australiens arrivaient aux lisières de Duharieh, sur la route d’Hébron ; au centre, l’infanterie gagnait 15 kilomètres et, à gauche, elle s’organisait devant les lignes turques.

Ainsi, en. quarante-huit heures, le pivot oriental du front turc avait sauté, l’ennemi perdait du monde en masse, mais surtout, la pression britannique allait s’augmentant d’heure en heure sur les derrières de l’adversaire. C’est alors qu’Allenby exécute la seconde partie de son plan. Il veut laisser à sa cavalerie le temps de souffler et, d’autre part, retenir devant Gaza le plus d’ennemis possible. Le 2 novembre, après six jours d’un