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ennemis, 16 000 hommes environ. « Le général Dobell eût-il, alors, jeté en avant sa réserve (52e division) que le résultat eût pu changer[1]. » Mais le mauvais dispositif de l’infanterie entraîna une retraite générale, le 27, derrière l’Ouadi Gaza. Nos Alliés perdaient 4 000 des leurs et faisaient 960 prisonniers, dont quelques Austro-Allemands.

C’était un incontestable échec, mais les pertes turques avaient été telles (8 000 hommes), que l’attaque reprise dans de meilleures conditions eût donné la victoire, encore que des renforts fussent arrivés aux Ottomans. Les généraux Murray et Dobell établirent, alors, un autre plan d’action où intervenaient des éléments nouveaux : douze bataillons de troupes fraîches (la 74e division) leur arrivaient avec une escadrille de tanks, et surtout une escadre[2] de monitors allait les appuyer sur la côte. C’est donc à cinquante bataillons, munis du matériel le plus récent, que le général Dobell commande maintenant. L’attaque devait se faire en deux mouvemens : d’abord, on occuperait les collines de Sheikh Abbas et de Mansura qui dominent Gaza, après quoi les canons lourds et les tanks agiraient pour l’assaut final. — La première partie se réalisa, le 17 avril. Dans la soirée, la 53e division tenait la crête de Samson, sur le rivage ; les 52e et 54e marchaient sur Ali Muntar, la 74e demeurant en réserve générale. Déjà les pertes étaient considérables. « Il est possible que si Dobell avait alors, décidé de jeter en avant ses réserves, la clef de la position eût pu être enlevée[3]. » Mais il ne le fit point et, le 19 avril au soir, il fallut interrompre l’attaque jusqu’à l’arrivée de renforts suffisans pour la reprendre. Provisoirement, Sir Philipp Chetwode remplaça Dobell[4]. Nos alliés laissaient 7 000 hommes sur le terrain ; du moins avaient-ils occupé des positions qui seraient le point de départ de la victorieuse offensive actuelle.

La première attaque contre Gaza avait échoué faute d’eau pour la cavalerie et d’un meilleur dispositif de l’infanterie ; la

  1. Rapport du général Murray, London Gazette, novembre 1917.
  2. Cette escadre comprenait deux monitors puissamment armés, des contre-torpilleurs et des navires français : le Requin entouré de destroyers.
  3. Rapport Murray, passim.
  4. Chetwode est un cavalier hors ligne qui déjà en 1914, à la bataille de Mons, mena ses dragons jusqu’aux lisières de Bruxelles. Dans la retraite, il mena une charge fameuse où, portant des fantassins en croupe, ses escadrons balayèrent les Prussiens.