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L’armée ennemie s’est repliée sur une ligne Gaza-Bir Seba, plaçant en ces deux points des garnisons importantes. Bien qu’elle ait perdu, depuis le mois d’août, 7 000 hommes, rien qu’en prisonniers, elle ne reçoit que de faibles renforts et ses effectifs comptent, alors, à peine 20 000 hommes[1]. La plupart sont en réserve et elle n’a guère, de positions organisées qu’au versant des collines entourant Gaza. Sur Ali Muntar, seulement, qui commande l’accès de la ville, apparaît l’esquisse d’un réseau de tranchées. Enfin, la supériorité numérique des Anglais est telle que la victoire leur semble acquise d’avance. Kress von Kressenstein le sait, et bientôt le service des renseignemens annonce que l’ennemi prépare un repli général. Il importait donc, avant tout, de ne pas perdre le contact. Aussi, comme il le déclare dans son rapport officiel, ce motif décida-t-il le général Murray à tenter un vaste coup de main qui lui livrerait Gaza et sa garnison surprise. L’armée anglaise est prête, et, le 26 mars au matin, elle commence à attaquer.

Les adversaires sont assez éloignés et entre eux descend, à égale distance des uns et des autres, l’Ouadi Gaza. Murray veut y porter toutes ses forces, gardant en réserve la 52e division. Sir Philip Chetwode avec sa cavalerie traversera l’Ouadi, droit au Nord, puis faisant tête de colonne à gauche, il viendra se placer au Nord et à l’Est de Gaza, cernant ainsi la ville. C’est alors que s’ébranleront les 53e et 54e divisions pour enlever les hauteurs, puis occuper la place.

En effet, la cavalerie australienne, après sa manœuvre d’enveloppement, tombe à l’improviste dans le dos des Turcs et leur fait 700 prisonniers, dont un général de division. Mais l’eau commençait de manquer, affaiblissant la cavalerie, et les commandans de l’infanterie se montrèrent si médiocres, qu’aucune liaison n’existait entre leurs compagnies, tandis qu’au loin, déjà, des nuages de sable indiquaient l’arrivée des renforts

  1. Ordre de bataille turc en fin mars 1917 : à Gaza, la 3e division d’infanterie et 2e régiment (10 000 fusils) avec 24 mitrailleuses, deux 150 (60e bataillon allemand), trois 105 austro-hongrois et cinq batteries de campagnes (3e régiment d’artillerie turc). — À Tell-es-Shéria, la 16e division d’infanterie (6 000 fusils, 16 mitrailleuses, 4 batteries du 16e d’artillerie turc) et la 3e division de cavalerie (4 pièces légères, 4 obusiers, 4 mitrailleuses) ; à Ramleh, la 53e division d’infanterie. — Le tout forme le XXIIe corps dont le quartier général est à Tell-es-Shéria.

    À Jérusalem, se concentrent la 54e division d’infanterie (venue du Caucase) et le 67e d’infanterie (arrivée du Liban) ; Caïffa sert de quartier général à la 27e division d’infanterie.