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LA
CONQUÊTE DE LA PALESTINE
DE SUEZ Á JÉRUSALEM

Le 19 mai 1798, entouré de Berthier et de Murat, de Lannes, de Davout et de presque tous ses futurs maréchaux, Bonaparte s’embarquait pour l’Egypte ; en dix mois, il avait conquis le pays tout entier. Mais déjà une menace nouvelle se dessine : de Syrie descend vers le delta du Nil une armée ottomane, et le Premier Consul conçoit le vaste dessein de regagner l’Europe en passant par Constantinople, car Nelson tient la Méditerranée. Avec le printemps de 1799, commence sa marche fameuse vers la Syrie. La péninsule du Sinaï étend devant lui ses plateaux inclémens. Sans hésiter, il choisit la route maritime et se porte en trois étapes vers El Arich, enlève Gaza et pousse jusqu’à Jaffa. À Tibériade, à Nazareth, au mont Thabor, Kléber et Junot livrent, en avril, de brillans combats, tandis que leur chef assiège Saint-Jean d’Acre où il crut, selon ses propres paroles, « manquer sa fortune. » L’énergique résistance de Sydney-Smith, l’approche des troupes d’Abdhalah et le manque de munitions l’obligent à battre en retraite par la même voie, suivie en sens inverse, qui l’avait conduit en Syrie.

Or, cette campagne est la même qui vient d’être faite par les Anglais ; quand nous lisons les rapports de Sir Archibald Murray, nous songeons aux lettres de Bonaparte : Voies et difficultés sont les mêmes, si les moyens diffèrent.