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l’horreur de la guerre ; ce n’est là, je le crains, qu’un joli sujet de pendule ; mais la Jeanne d’Arc debout, serrant son épée sur son cœur, offerte par le roi Louis-Philippe à la ville d’Orléans.

Ary Scheffer, avec la princesse Marie, lisait Goethe, Schiller, Quinet… Les œuvres ébauchées par elle dans une vie si courte ne doivent pas être oubliées parmi les productions de l’art romantique. Son frère, prématurément enlevé lui aussi, devait avoir avec elle d’intéressantes conversations : il était doué, sinon de talent, au moins d’un goût très sûr et très personnel. Il acheta d’Ingres, la Stratonice ; de Delacroix, le Meurtre de l’évêque de Liège ; il voulut posséder les premiers paysages de Corot : chefs-d’œuvre que la gloire et le commerce n’avaient pas encore consacrés, et qui ne devaient pas plaire à Louis-Philippe !

Fidèle à ses amis, les libéraux, le Duc d’Orléans recevait, à Neuilly, Dupin, Benjamin Constant, Sebastiani, Casimir Perier. On ne pouvait lui en faire un crime. En somme les Ultra n’ont relevé contre lui que deux griefs : avoir pris pour bibliothécaire Casimir Delavigne, destitué par M. de Peyronnet, et avoir envoyé sa voiture suivre l’enterrement du général Foy !

Citons encore une lettre à M. de Chabot, quand le roi Charles X ordonna la dissolution de la Chambre. Cette lettre est d’une âme affligée, mais nullement ennemie :


Neuilly, ce jeudi 22 novembre 1827.

« Vous aurez vu dans les gazettes que le Roi s’est déterminé à dissoudre la Chambre des députés sans attendre qu’elle eût atteint l’âge de sept ans et que cette mesure a été accompagnée de la création de soixante-seize nouveaux Pairs ! Les élections nouvelles ne sont pas jusqu’à présent de nature à nous faire présager une grande harmonie dans les Chambres et il me semble impossible de prévoir les combinaisons que tout ceci va produire. Le choix des Députés de Paris a été suivi d’illuminations partielles comme lors du retrait de la loi de la presse, et puis de pétards, de coups de pierres, de coups de sabres, de coups de fusil et de scènes bien affligeantes pendant les nuits des 19 et 20 novembre. Tout cela parait fini, et l’est certainement quant à présent. Dieu veuille que cela ne se renouvelle pas !

« Au dehors, nous vivons la glorieuse bataille de Navarin where French et English fought mosl nobly et most cordially