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« Veuillez faire tous mes complimens à Mme de Chabot et au duc de Leinster s’il est dans votre voisinage. Ma femme et ma sœur me chargent de vous dire mille choses.

« Vous connaissez ma sincère et profonde amitié pour vous.

« H.-L.-P. D’ORLEANS. »


Etre le point de mire des amis et des ennemis, c’est ce qu’il veut éviter. Ce n’est pas là l’attitude d’un ambitieux.

Il ne revint qu’en 1817. Ses biens lui avaient été rendus. Il s’occupait, cette lettre le montre, de les bien administrer. Il habitait le Palais-Royal, et le Roi lui avait facilité l’achat de Neuilly.

Nous relevons sur son compte, dans les Mémoires de Villèle, un propos assez étrange, aussitôt suivi d’un bon certificat, accordé au Duc d’Orléans. On lit au tome II, p. 181 : « La faction va son train. » Et quelques pages plus loin (p. 196) : « On assure qu’on n’a fait revenir le Duc d’Orléans que pour tenir Monsieur en échec, s’il mésarrive au Roi. Mais ce qui est singulier, c’est que ce nouvel arrivé n’est pas du tout disposé à se faire factieux. On est content de ses dispositions. »

On avait raison de l’être ; rien n’était plus loin de sa pensée que de se faire factieux.

Le Duc d’Orléans eût été heureux d’être employé, et d’apporter à la Restauration l’appoint de sa popularité. Il le dit à M. de Chabot dans la lettre du 26 août. Mais il était tenu à l’écart. M. Boutmy, qui en 1845 a publié un récit populaire de la vie du roi des Français, prétend qu’il rendait jaloux les Ducs d’Angoulême et de Berry, ayant plus belle tenue militaire que n’avaient ces princes et meilleur air à cheval. L’historien de 1845 est peut-être un flatteur. L’imagerie populaire d’Epinal a représenté le Duc d’Orléans, le Duc d’Angoulême et le Duc de Berry, sous un aspect tout semblable ; plumet, favoris, col montant aux oreilles, cordon bleu, croix du Saint-Esprit, chabraque fleurdelysée, gros cheval blanc au cou de cygne, tournant sa tête busquée, et montrant un œil sentimental.

Le Duc d’Orléans était alors colonel-général des hussards ; pair de France ; premier prince du sang ; Duc de Chartres, de Nemours, de Montpensier, Prince de Joinville, Comte de Soissons. Mais il n’était pas Altesse royale. Le Roi ne lui avait pas permis d’en prendre le titre.