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« Je pars dans une heure. »

L’absence n’a pas été longue et l’affaire du Palais Royal a été arrangée. Mais le Duc d’Orléans prévoit un nouveau et prochain voyage :


Twickenham, ce 26 août 1815.

« Me voici de nouveau au vieux Twick, mon cher vicomte, sans savoir précisément quand j’en partirai, ni si j’y resterai peu ou longtemps. L’apparence des choses n’est ni à la tranquillité, ni à la stabilité, et je me sens moins disposé que jamais à conseiller à mes amis de spéculer sur rien de ce qui tient à ce côté-là. C’est pour cela que, quoique toujours désirant que vous puissiez venir me rejoindre, je ne vous ai rien fait dire, car ce serait folie de quitter ce qui est si bien fixé ici pour ce qui présente si peu de probabilités là-bas. D’ailleurs, je prévoyais en partant, et encore plus pendant mon séjour à Paris, que je ne tarderais pas à revenir, et en effet, me voilà revenu, parce qu’ayant offert mes services au Roi, j’ai su que pour le moment Sa Majesté ne pourrait pas m’employer. On me dit que le Roi lèvera la restriction qui nous interdit la Chambre des Pairs et qu’il nous demandera d’y aller, mais d’après la manière dont le Roi m’a répondu quand je lui en ai parlé, je doute qu’il veuille que nous y allions. Cependant, cela me tient en suspens, et me fera peut-être retourner à Paris, du 15 au 20 septembre, car c’est l’époque où les Chambres doivent se rassembler. Si j’y vais, ce qui est loin d’être certain, comme je viens de vous le dire, ce sera avec la même incertitude que j’y ai été cette fois-ci, et par conséquent je ne puis pas encore vous recommander d’y venir, car encore, avant de vous recommander de prendre un parti quelconque, il me semble qu’il faut que j’en aie pris un moi-même et que je puisse vous dire que je refais mon établissement à Paris, ce que je ne suis pas du tout prêt à vous mander. Soyez sûr, d’ailleurs, que tout est ruiné pour longtemps dans ce malheureux pays, et je ne sais pas ce qu’on y verra. En tout cas, il est plus que jamais impossible d’y calculer l’avenir et il me fait frémir.

« Ever Yours

« L.-PH. D’ORLEANS. »