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moins brutaux et les moins capables d’atténuer leur pouvoir antigène. Cette dose unique est suffisante pour conférer l’immunité.

A la suite des premiers et brillans résultats obtenus, et officiellement contrôlés, qui ont conféré aux soldats vaccinés en une seule injection, et avec des effets toxiques insignifians, une immunité au moins égale à celle des vaccins à injections successives et multiples l’emploi du lipo-vaccin TAB n’a pas tardé à se répandre dans l’armée et la marine. Dès maintenant, une soixantaine de mille sujets ont subi avec succès cette vaccination, dont l’emploi, il faut l’espérer, ne tardera pas à se généraliser largement pour le plus grand bien des troupes et de la population et pour la plus grande sécurité des hommes. Dès maintenant, le gouvernement grec notamment a décidé d’appliquer le lipo-vaccin à toute son armée : voilà de la bonne expansion française.

A son efficacité pratique, si pleine d’avenir et si riche déjà de présent, à son utilité militaire qui prime tout aujourd’hui, la découverte du docteur Le Moignic ajoute cet avantage d’apporter à la science une contribution précieuse et riche de perspectives. S’il n’est en effet de science que du général, la méthode du lipo-vaccin qui aborde sous un angle nouveau le problème des vaccinations, apporte à celui-ci une solution d’ensemble qui déborde de toute part sa première application aux typhoïdes. Il n’est en effet aucune des maladies justiciables aujourd’hui ou demain des vaccins, à la prophylaxie ou à la thérapeutique desquelles elle n’apporte une contribution et une simplification fécondes. Dès maintenant, des recherches en cours permettent de croire que ce procédé permettra de réaliser la vaccination contre des maladies pour lesquelles elle avait été jusqu’ici impossible.

La méthode des lipo-vaccins du médecin de la marine Le Moignic nous apporte des armes nouvelles dans l’éternelle bataille contre la maladie, dans l’art de tuer la mort. Elle est une de ces choses utiles, simples et lumineuses, qui sont nées de la guerre, comme, dans un orage atroce et qui voile la douceur bleue du ciel, on voit jaillir parfois des éclairs.


CHARLES NORDMANN.