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Monsieur de Balzac, et… les Héritiers Boirouge vont paraître. »

Mais l’écrivain, ayant, en juin 1836, gagné triomphalement sa cause, il en résulta qu’il fit mettre immédiatement en vente le Lys dans la Vallée, et qu’il remit de nouveau dans ses cartons les infortunés Héritiers Boirouge.

Toutefois, à la fin de ce même mois, Balzac qui se reposait à Sache, chez son ami de Margonne, des longs ennuis causés par ce procès, écrivit à Emile Regnault, le gérant de la Chronique de Paris, une longue épitre recueillie aussi dans sa Correspondance.

Les lignes suivantes tirées de cette lettre précisent de nouveau son intention de livrer prochainement à la publicité les Héritiers Boirouge sans les comprendre dans les Études de mœurs au dix-neuvième siècle dont Madame Béchet était l’éditeur : « J’aurai, suivant toute probabilité, terminé les Illusions perdues pour samedi prochain. Je crois que cela fera quatre-vingt-dix feuillets, et j’ai bien fait de commencer par-là, car alors le Cabinet des Antiques suffirait pour compléter les deux volumes de la veuve Béchet ou dame Jacquillat. Elle ne mérite pas que je lui donne les Héritiers Boirouge. Cette œuvre, avec César Birotteau, remplira la caisse du sieur Werdet. »

Observons ici que les deux derniers volumes des Scènes de la Vie de Province, dus à Mme Béchet, comme complément des douze volumes des Études de mœurs au dix-neuvième siècle, parurent seulement le 15 février 1837, alors que Werdet lui avait racheté la propriété de tout l’ouvrage. Le contenu de ces deux volumes trompa bien des espérances, car des six études promises dès 1833, ils n’en firent connaître que deux : la Grande Bretèche et Illusions perdues. Fragmens d’Histoire générale et les autres récits, annoncés depuis si longtemps, y furent remplacés par la seule Vieille Fille.

Néanmoins, les Héritiers Boirouge ne cessèrent pas encore de hanter l’esprit de Balzac. En 1839, au cours de la préface du Cabinet des Antiques, — supprimée depuis dans la Comédie humaine, — il donna cette fois d’intéressans détails sur l’ouvrage en question. Les voici : « L’auteur [du Cabinet des Antiques] n’a pas renoncé non plus au livre intitulé : les Héritiers Boirouge, qui doit occuper une des places les plus importantes dans les Scènes de la Vie de Province, mais qui veut de longues études exigées par la gravité du sujet. Il ne s’agit pas moins que de montrer les désordres que cause au sein des familles l’esprit des lois modernes. »

Il nous faut parler maintenant d’une sorte d’énigme, dont, par malheur, le mot nous échappe absolument. Il s’agit du deuxième chapitre des Héritiers Boirouge, dont le titre seul est écrit sur le manuscrit, l’ouvrage demeurant inachevé précisément à partir de cet endroit.