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ceux qu’ils tenaient pour adversaires l’ont maintenue. Que, décidément impitoyables à leur pays, ces chefs voient, à la fin de la guerre contre l’étranger, le retour des discordes entre les fils de la même mère, entre les vétérans de la même armée, l’opinion jugera tout sur un fait. La doctrine reniée par l’Etat est celle qui soutient la famille et perpétue la France. La doctrine adoptée par l’Etat est celle qui diminue et détruit les nations. Le pouvoir est exercé contre ceux qui peuplent la France par ceux qui la dépeuplent. On ne saurait admettre que le pouvoir soit au service des doctrines mortelles à la France. Plus les incrédules, persévérant à demeurer tels, et, logiques avec une raison qui ne leur révèle pas de devoirs désormais, laissent périr la famille, plus les croyans doivent être encouragés à réparer ces vides, à défendre avec leurs fils nombreux les célibataires et les parens de fils uniques. Quand les incrédules, non contens d’habiter le vide de leur foyer, travaillent, par leur lutte contre les croyances, à amoindrir la race, ils ne sont pas seulement de pauvres philosophes, mais de mauvais Français et les complices de l’étranger.

Les catholiques ont mérité ces destins meilleurs, ils s’en doivent saisir pour la France. Tendre la joue aux humiliations et aux injustices est de la vertu quand on reçoit seul le soufflet. Mais la fin de l’ostracisme n’est pas seulement pour les catholiques la restitution d’avantages individuels auxquels ils pourraient renoncer, elle est la condition d’un service national qu’ils ont à accomplir. Ils n’ont pas le droit de consentir que, par leur condition inégale et abaissée dans l’Etat, on fasse tort à leurs doctrines, et, en diminuant leur influence, on attente à la race. Ils n’ont pas le droit d’accepter des soufflets qui tomberaient sur la face de la France. Qu’ils n’aient pas peur de la défendre en se défendant, s’il le faut. La justice publique n’accusera pas de troubler la paix ceux qui la demandent. Nulle garantie contre l’impopularité ne vaudra désormais l’apport des belles familles. La revanche des croyans est assise à leurs foyers. Et ce sera pour la civilisation même une grande, victoire quand le catholicisme, trop longtemps mis en échec par la coalition des intérêts particuliers, sera réhabilité comme le défenseur manifeste des intérêts généraux.


ETIENNE LAMY.