Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 42.djvu/833

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

détroit de Messine. Mais l’amiral aurait besoin pour cela de cinquante tonnes de charbon et de trente tonnes d’eau. Le Roi voudrait aussi que Berlin fût avisé par télégramme du changement d’itinéraire.

Le commandant Clergeau fait immédiatement observer à l’aide de camp que l’amiral français commandant en chef notre escadre, à supposer qu’il dispose sur le moment d’un charbonnier, ne pourrait pas l’envoyer avant vingt-quatre heures. Si la brise, au lieu d’être locale, souffle dans toute la Méditerranée, on aura la mer par le travers pour aller de Santa Maria di Luca à Spartivento. Par conséquent, pour éviter le léger roulis qui incommode les princesses, on risque une mauvaise traversée pendant ce dernier trajet. Il est en outre impossible de franchir la passe Nord de Corfou interdite à la navigation à cause des mines mouillées par les Allemands. Enfin, et ceci est l’argument décisif, les torpilleurs français, pas plus d’ailleurs que les bateaux grecs, ne seraient en sécurité, la nuit suivante, à Oxia. Si un sous-marin ennemi s’approchait, il pourrait fort bien, faute de les avoir reconnus, torpiller les navires royaux.

De tels argumens étaient sans réplique. Quelques instans après, l’aide de camp revient et déclare que le Roi se rend à ces raisons, que le départ aura lieu vers huit heures du soir et qu’on fera route directement vers le détroit de Messine.

Le commandant Clergeau ayant demandé le nom des personnes composant la suite royale, la liste officielle lui en est remise.

Font partie de la suite du Roi : le colonel C. Levidis ; capitaine de vaisseau E. Papparigopoulos ; lieutenant-colonel Manos ; médecin-major Anastasopoulos ; M. Streit.

Suite de la Reine : maréchal de la Cour J. Theotokis ; Mlle A Contostavlos.

Suite du Prince royal : lieutenant d’infanterie D. Levidis.

Le 17 juin, à neuf heures trente, le convoi royal mouille à Villa di San Giovanni. De là, le Roi et sa famille gagnent la Suisse par un train spécial.

A peine Constantin a-t-il quitté le sol hellénique, que M. Jonnart adresse la proclamation suivante au peuple pour annoncer la levée immédiate du blocus, le rétablissement des relations cordiales entre les Puissances protectrices et la Grèce, la restauration prochaine de l’unité nationale :