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langage énergique. Il insiste à nouveau pour que la foule soit écartée. Si la police ne dispose pas de moyens suffisans, le Haut Commissaire est prêt à envoyer du Pirée quelques compagnies de mitrailleuses.

M. Zaïmis assure qu’il fera tout le nécessaire et que le Roi dans quelques heures aura quitté le palais.

Le départ a lieu en effet vers cinq heures. M. Helleu, secrétaire à la légation de France, en apporte la nouvelle à M. Jonnart. La foule a été avisée des résolutions irréductibles du Haut Commissaire : elle se débande en partie. Pour dépister ceux qui restent, on a usé du stratagème classique. Quelques voitures vides, aux stores baissés, ont quitté le palais dans la direction du Zappeion. Les manifestans se portent immédiatement de ce côté. Pendant ce temps, les automobiles royales sortent du côté opposé et gagnent le boulevard de l’Université. Dans la première se trouvent le roi Constantin, la reine Sophie, le Diadaque et les princesses Hélène et Irène. Les aides de camp du Roi, MM. Paparigopoulos et Lévidis, suivent dans une autre. La petite princesse Catherine est avec sa gouvernante dans une automobile escortée par une voiture où se trouve un général du palais.

Par la route de Décélie, la famille royale se rend à Tatoï, résidence d’été du Roi, située à soixante kilomètres au Nord, non loin de l’endroit où s’élevait la citadelle lacédémonienne de Décélie qui joua un grand rôle dans les guerres helléniques. Le Roi possède là deux villas entourées de beaux jardins d’où l’on jouit d’une admirable vue sur la plaine d’Athènes et sur la mer. Le navire anglais, offert tout d’abord par sir Francis Eliott, n’est pas arrivé. M. Jonnart compte mettre deux contre-torpilleurs français à la disposition du Roi, qui pourra s’embarquer dans le port voisin d’Oropos, sur le canal de l’Eubée. Mais Constantin exprime le désir de partir sur un bateau grec. Il aurait dit, assure-t-on : « J’aime encore mieux souffrir des punaises que recourir à des bateaux français. » Qu’à cela ne tienne : la traversée s’accomplira sur l’ancien yacht royal Sphactérie, qui sera escorté par deux de nos contre-torpilleurs.

Constantin avait fait savoir par l’intermédiaire de M. Zaïmis qu’il ne lui serait pas possible de s’embarquer le jour suivant : M. Jonnart répond qu’en aucun cas le départ ne pourra être reculé au-delà du 14 juin à midi. Le Roi ayant exprimé le désir