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Le Sund n’admet que des bâtimens de moins de 7 mètres de tirant d’eau. On dit volontiers, en présence d’une si faible profondeur, que ce détroit est inutilisable pour une armée qui veut entrer dans la Baltique. Il s’en faut que ce soit exact. Cette armée ne se composerait pas seulement d’unités calant 8 mètres. Tous les bâtimens de tonnage moyen, les innombrables unités légères, les bâtimens auxiliaires, enfin les transports de troupes et de matériel, que l’on aurait eu soin de choisir parmi les « cargo-boats » calant, au plus 6m, 50, pourraient parfaitement emprunter le Sund, même sans attendre certaines circonstances de vent et de mer où le niveau des eaux s’élève.

On objectera à ceci qu’il y aurait inconvénient à ce que le gros de l’armée fût séparé, au moins, de ses bâtimens légers. C’est entendu. Il y a là une question de mesure. Il est absolument indispensable, évidemment, que le dragage des mines par les navires spéciaux soit protégé par un grand nombre de petits croiseurs et de « destroyers. » Il faut aussi que la « Kielerbucht, » le bassin qui s’étend entre l’archipel danois et la côte du Holstein, soit rigoureusement surveillée, ainsi que le fjord même de Kiel, d’où peut déboucher la force navale allemande, si l’on n’a pas réussi à oblitérer le canal maritime[1].

Quoi qu’il en soit, arrivons-en au Grand Belt et notons tout de suite que ce détroit et son prolongement au Sud, le « Lange-land Belt, » sont exclusivement danois. Cette remarque n’est pas inutile si l’on veut bien se rappeler que ce n’est qu’à son corps défendant que le petit royaume a miné la voie d’accès principale à la Baltique, celle des cuirassés. La navigation du Grand Belt ne présente quelque difficulté aux très grandes unités de combat qu’au coude voisin des îlots d’Agersö et d’Omö. Tous les pêcheurs et pilotes du pays, les norvégiens et les suédois, — sans parler de ceux qui ont été formés ailleurs et des officiers des paquebots qui fréquentent la Baltique, — peuvent donner sur ce passage les indications les plus précises. D’ailleurs rien de plus aisé aux bâtimens légers qui précèdent les unités longues et lourdes, que de baliser à nouveau les points délicats.

Les mines danoises draguées, sans qu’assurément il y ait à

  1. Je rappelle encore qu’il ne s’agit pas ici d’un plan d’opérations, qui comporterait naturellement l’occlusion du vestibule du fjord de Kiel par des mines de blocus. Je ne donne que les indications les plus nécessaires, — et très succinctement.