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presque aussi bien que le serait une lie, être battu de feux convergeas. Il en est ainsi, en effet, mais pour Le faire comprendre au lecteur, il convient d’entrer dans quelques détails.

Plaçons-nous dans l’estuaire extérieur de l’Elbe, à quelques milles marins au Sud du 54e parallèle. Nous avons tout près de nous, à l’Ouest, le banc de sable de Scharhorn, qui émerge continuellement, — point un danger, par conséquent, — et qui sera dans quelques années an Ilot habité ; au Sud on autre flot, très bas, mais bien défini, celui-là, et défendu contre la mer ? Neuwerk, qui porte depuis des siècles une énorme tour carrée, le phare, le point de reconnaissance essentiel de l’entrée de l’Elbe ; plus loin, au Sud-Est, le saillant même de Cuxhaven, avec ses ouvrages, — Kügelbaake, Döse, etc., — trop bas, pour qu’on les distingue, mais dont le gisement est exactement donné par l’agglomération urbaine qui s’étend derrière eux, avec certains « accidens » très visibles.

Scharborn, Neuwerk, Cüxhaven (ou, si l’on veut, la pointe du saillant, qui est au fort même de Kügelbaake) sont en ligne droite et longés par le chenal principal, disons plutôt le chenal officiel du fleuve.

Ces trois points nous apparaissent, sur les cartes géographiques qui se piquent de donner quelques détails d’hydrographie, comme enveloppés par le même immense banc de sable vasard, couvert à mer haute, découvert à mer basse, qui semble s’étendre sans solution de continuité jusqu’à l’estuaire de la Weser. Ce n’est là qu’une apparence. Ces « watten, » d’ailleurs assez fermes pour qu’on puisse aller à pied ou en voiture légère de Cuxhaven à Neuwerk[1], — ce qui détruit une des allégations favorites de mes adversaires — sont en réalité sillonnés de chenaux assez profonds, les « baljen » dont j’ai déjà parlé plus haut et qui sont fort bien tracés à l’Ouest et au Sud-Ouest de Neuwerk. Que l’on se serve de ces chenaux, — après les avoir balisés à nouveau et dragués, — pour prendre à revers les défenses de l’îlot, s’il en existe[2], en tout cas pour battre d’écharpe les ouvrages de Döse, ou bien que l’on se tienne à la limite des Watten, on restera toujours en dedans

  1. Fait constaté, du reste, dans les « portulans * et instructions nautiques et dont j’ai, de visu, constaté l’exactitude.
  2. Un doute peut subsister, si l’on remarque que Neuwerk est, en plein, dans les champs de tir des ouvrages du saillant de Cüxhnaven.