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356 et 381 millimètres, dont les poids s’étagent de 550 à 900 kilos.

Mais ce n’est pas tout : ce bloc d’argile est profondément fissuré dans le sens vertical et ce sont les fissures qui en favorisent la désagrégation, sous le choc des lames. Que les ingénieurs allemands aient cherché le moyen de supprimer ces failles dont on pouvait justement craindre qu’elles ne s’élargissent sous les réactions brutales du tir des grosses pièces de l’îlot même, c’est fort probable. Qu’ils y aient réussi, c’est plus que douteux. Le moyen dont on nous parle aurait été de couler dans lesdites fissures un béton de ciment ferrugineux. Malheureusement, il n’est pas possible d’obtenir une adhérence durable entre l’argile et le béton. Peut-être a-t-on pu masquer le mal jusqu’au moment où les intempéries d’une part, les secousses des tirs, de l’autre, enfin, en cas d’attaque, les chocs des projectiles ennemis le fassent réapparaître, mais on ne saurait le guérir et rien ne prévaudra contre les forces, patientes, mais irrésistibles, que la nature met là en jeu.

La simple vérité est que l’on a dû employer beaucoup de béton pour l’installation des plates-formes des bouches à feu de calibre élevé qui ont remplacé les quatre canons de 240 du premier armement. C’est ce qui a donné naissance à la légende de la coulée du béton dans les fissures, légende que les autorités allemandes se sont bien gardées de détruire, la jugeant avec raison utile à leurs intérêts.

De même est-il possible que des observatoires cuirassés, ou peut-être des sabords, aient été pratiqués dans les parois les plus solides de la falaise de l’Ouest. Ces sabords seraient, en fait, des ouvertures de caponnières dont les pièces courtes battraient le pied de cet escarpement à pic ; précaution d’autant plus judicieuse qu’il y a là une sorte de cuvette assez profonde.

Passons là-dessus, et bornons-nous pour l’instant à combattre deux allégations dont les éditeurs responsables sont, pour la première, les Allemands eux-mêmes, pour la seconde, les marins des puissances alliées qui se laissent hypnotiser complètement par la crainte des mines sous-marines.

Helgoland, disent nos adversaires, n’est pas seulement un admirable poste d’observation avancé, une station de torpilleurs, de sous-marins, d’appareils aériens, c’est la couverture de Cuxhaven et des batteries qui interdisent l’accès de l’Elbe. On ne saurait attaquer cette dernière place sans avoir réduit