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longeait les deux rives, reliant le pays à la Hollande, à la Belgique et à la Suisse. Le bassin charbonnier de Sarrebrück s’étendait sur plus de 40 000 hectares, avec des couches de houille qui atteignaient parfois 20 mètres d’épaisseur. En 1897, les filatures de coton, de 40 qu’elles étaient en 1888, avaient passé à 52, et elles utilisaient 267 millions de balles au lieu de 168. Cette même année, les provinces du Rhin et de Westphalie fournissaient 2 683 537 tonnes de fonte ; la Sarre et la Lorraine, 2 341 079 ; la contrée de la Sieg et la Hesse-Nassau, 730 678.

Il est intéressant de rechercher quelle était la situation économique du pays rhénan à une date toute récente. Voici donc les chiffres de l’année 1911, mais valables pour la seule province prussienne, abstraction faite du Palatinat et de la Hesse. Au point de vue agricole, 12 952 hectares de vigne ont donné 461 900 hectolitres de vin ; la récolte a fourni 1 787 000 tonnes de pommes de terre, 524 000 de seigle, 498 000 d’avoine, 219 000 de froment, 59 000 d’orge. Au point de vue minier, on a extrait 3 407 tonnes de cuivre, 27 626 de plomb, 65 485 de zinc, 80 325 de manganèse, 42 117 865 d’un charbon qui représentait à lui seul une valeur de 450 millions de mark. Industriellement, il est sorti des usines 306 048 tonnes d’acide sulfurique ; les fonderies ont produit 55 319 tonnes de zinc, 53 105 de plomb, 69 654 kilogs d’argent ; 31 hauts fourneaux ont livré 5 872 628 tonnes de fer brut valant 335 millions de mark., D’autre part, 1 576 distilleries ont fabriqué 101 706 hectolitres d’alcool et 603 brasseries, 4 809 000 hectolitres de bière. Enfin, 18 sucreries ont donné 613 813 tonnes de sucre brut et 1 200 000 tonnes de sucre raffiné.

Les avantages matériels que le pays rhénan a retirés de l’unité sont donc incontestables. Ce sont eux qui ont permis à l’esprit impérial de s’épanouir. Dans la satisfaction des appétits, les griefs d’autrefois perdaient de leur vigueur, et les gains faciles apportaient l’optimisme. On était Allemands, rien qu’Allemands, et sans doute l’avait-on toujours été, même Prussiens peut-être. On oubliait les persécutions subies sous Bismarck., On oubliait bien d’autres choses encore. J’ai vu débarquer à Mayence, un jour de Pentecôte, des bourgeois de Cologne partis en excursion sur le Rhin. Une musique les accompagnait, et, quand ils s’ébranlèrent, elle se mit à jouer le lied du feld-maréchal Blücher : Was blasen die Trompeten. Aucun d’eux, sans