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Le parti du Centre, affirme-t-il, cache sous son étiquette confessionnelle les desseins qu’il nourrit contre l’Empire et contre la Prusse ; il se renforce de protestans qui n’ont de commun avec le catholicisme que leur inimitié contre la monarchie des Hohenzollern ; il est soutenu « par tout ce que l’on peut appeler la presse française antiallemande, la vieille presse de la Confédération du Rhin qui a endossé l’habit catholique. » Le 6 mars, il revient à la charge : ses ennemis, dit-il, ont commencé à s’agiter du jour où la Prusse luthérienne a pris son essor, du jour où ils ont entrevu cette possibilité qu’un empire protestant s’établirait en Allemagne ; ils ont laissé paraître leur inquiétude lorsque l’Autriche a été défaite, mais ils ont perdu définitivement leur calme quand la France a succombé. A l’appui de ses dires, il lit une lettre adressée au roi par un ambassadeur, Arnim sans doute : « S’il m’est permis d’exprimer mon opinion, écrit celui-ci, je n’ai jamais hésité à croire que la revanche désirée par la France dût être préparée chez nous par des discordes religieuses… Une bonne partie du clergé catholique, soumis aux directions venues de Rome, est au service de la politique française. »

D’un bout à l’autre de la crise, le chancelier reprend ce thème. Au début du conflit, la guerre confessionnelle ne présente encore aucun danger pour l’Empire, car nous nous remettons à peine des désastres de 1870, et les populations persécutées ne peuvent compter sur notre secours immédiat. Mais peu à peu le Kulturkampf s’aggrave ; de Sarrebruck à Wesel, les prisons s’emplissent de prêtres, tandis que le parti du Centre continue de braver le chancelier et que le pays rhénan semble sur le point de passer à la révolte ouverte. Peu à peu aussi nous reconstituons notre armée. Si cette renaissance française s’était produite après la soumission complète des ennemis de l’Empire, elle n’aurait pas inquiété Bismarck : mais justement elle se manifeste à l’instant même où le conflit est à l’état aigu. De Paris, Hohenlohe trahit son anxiété ; à Berlin, l’on est peu rassuré. C’est alors que va commencer la manœuvre suprême. Le 13 janvier 1874, dans un entretien avec notre ambassadeur, le chancelier lui demande que notre gouvernement sévisse contre quelques évêques, et il le fait avec quelques allusions vagues qui visent évidemment la Bavière et la vallée du Rhin : « Les attaques qui nous viennent