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leur dette envers la région, le district, le Comité d’alimentation du nord de la France, le Comité national belge et la Commission de ravitaillement pour la Belgique.

Des établissemens de crédit, dont l’activité est limitée aux besoins de l’alimentation, ont été créés dans certaines villes. Ils font des avances aux habitans qui sont temporairement dans l’embarras, mais paraissent néanmoins solvables. Ces avances sont effectuées sur livrets de caisse d’épargne, sur rentes viagères de la Caisse nationale, sur traitemens de l’Etat, des départemens ou des communes, sur obligations, coupons, effets échus. A Lille, grâce à l’initiative de M. Louis Guérin, une Banque de prêts temporaires a été fondée : elle fait des avances sur tous les gages d’une valeur certaine qui lui sont offerts.

La Commission s’est chargée de l’importation de vêtemens et de chaussures. Au début, ses envois n’étaient destinés qu’aux indigens : mais ensuite les communes ont été autorisées à vendre moitié de ces vêtemens aux personnes en état de les payer. Les sommes produites par ces ventes sont versées à la caisse de secours du district et servent à acheter d’autres vêtemens destinés aux indigens. Des ouvroirs ont été établis, qui occupent de nombreuses femmes.


X. — RÉSUMÉ

Malgré tous ces efforts, la situation est de plus en plus sombre. Dans le nord de la France, la viande a presque disparu. Les populations les plus favorisées reçoivent une ration de 125 grammes par tête et par semaine. Le lait de vache diminue de jour en jour ; les stocks de lait condensé s’épuisent rapidement. Le beurre a presque disparu, en raison des réquisitions allemandes et, dans certaines régions, de la prohibition de la fabrication du beurre. Les œufs sont extrêmement rares. Les poulets et lapins, dernière ressource des ménages prévoyans, sont également menacés, faute du son nécessaire à leur nourriture. La culture de pommes de terre et de légumes, activement poussée en de nombreux endroits, est seule de nature à conserver quelques ressources aux habitans, qui dépendent plus que jamais de la Commission de ravitaillement. La Belgique et le Nord de la France sont enfermés dans une muraille d’acier qui ne laisse passer aucune des matières premières dont auraient besoin