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IV. — RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Le territoire envahi a été divisé par l’armée d’occupation en trois zones. Celle des opérations, située immédiatement en arrière de la ligne de feu, n’est pas accessible au ravitaillement. La zone d’étapes comprend le Nord de la France et la plus grande partie des provinces belges de la Flandre orientale et de la Flandre occidentale : elle est sous les ordres directs de l’Etat-major. Enfin, la zone d’occupation comprend le reste de la Belgique : elle est soumise à un gouverneur général installé à Bruxelles avec des pouvoirs civils et militaires.

Les autorités allemandes garantirent que les vivres importés par la Commission ne seraient pas réquisitionnés. Les gouvernemens alliés accordèrent la même promesse. Au mois de juin 1915, des négociations furent entamées pour que la récolte des céréales de l’année fût mise à la disposition de la Commission et réservée à la population civile. Un Comité fut établi dans la zone d’occupation ; des représentans des autorités allemandes y siégèrent à côté des membres américains et belges : il prit en main toute la récolte des grains afin d’en assurer une répartition équitable. Dans la zone d’étapes, une convention signée entre la Commission et l’Etat-major allemand assura à la population civile une allocation par tête et par jour de 180 grammes de farine, prélevée sur la récolte qui avait été entièrement réquisitionnée par l’armée.

La détermination de la nature et de la quantité des importations requises était délicate : elle dépassait le cadre d’un simple problème de physiologie alimentaire. Il fallait tenir compte du caractère et des habitudes de la population, connaître le stock utilisable de produits indigènes, fixer la ration minima, chercher, vu les difficultés de transport, à fournir aux ravitaillés les matières qui, sous le moindre volume, continssent le plus de substances nutritives, écarter les obstacles financiers résultant de l’absence de monnaies métalliques.

La Belgique est le pays le plus industrialisé d’Europe et le Nord de la France la partie la plus industrialisée de son territoire : les agriculteurs comptent pour moins de 30 pour 100 dans la population belge, moins de 40 pour 100 dans celle des départemens français. La majeure partie des habitans est donc