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Et l’émoi n’eût pas été moins vif et moins indignée la protestation, si la, liée lie toute voisine, — et non moins moderne, — de la Sainte-Chapelle avait été atteinte par les bombes du taube, qui se perdirent dans la Seine entre le Louvre et le Palais.


Donc, restons sévères pour les fautes anciennes, mais soyons équitables et ajoutons, parce que c’est la simple vérité dont nous pouvons témoigner après de longues années de participation aux travaux de la commission des monumens historiques, que dans le « service » réorganisé, où les cathédrales sont comprises comme les palais nationaux et dont relève Trianon comme Reims, un « esprit nouveau » s’est développé, très différent de celui qui nous valut les abusives restaurations d’un passé encore récent. Le temps n’est plus où, comme Henry Roujon aimait à le raconter, Mérimée pouvait commencer un rapport confidentiel à l’Empereur, par cette simple phrase : « Sire, tant que Votre Majesté n’aura pas fait pendre un architecte…, » — où d’Abadie lançait contre les archéologues, « impuissans » gêneurs, bons uniquement à critiquer et à blâmer, un manifeste qui fit à son heure grand bruit, — où enfin, Viollet-le-Duc dans une de ses campagnes au XIXe Siècle d’About, accusait Anatole Leroy-Beaulieu qui s’était permis, non sans de valables raisons, de critiquer les travaux de la cathédrale d’Evreux, de servir complaisamment d’ « instrument à la cabale cléricale !… »

L’amour des vieilles pierres qu’il faut considérer comme des documens, des témoins qu’on n’a pas le droit de supprimer mais qu’il faut empêcher de tomber, tant que le sauvetage est possible, est aussi sincère dans le cœur de la majorité des architectes que dans celui des archéologues et des « amateurs : » une confiante collaboration a fait place aux anciennes violences et, plus d’une fois, c’est des rangs des inspecteurs généraux et des architectes eux-mêmes que sont parties les critiques les plus sévères contre telle proposition d’excessive intervention chirurgicale. En pourrais-je citer de meilleure preuve que la série des études, des « consultations, » si pénétrantes qu’un architecte, restaurateur de l’Hôtel de Ville de Douai, l’une des plus nobles victimes de cette guerre, notre ami Max Doumic publiait peu de temps avant sa mort héroïque dans le Correspondant, sur nos vieilles églises, les dangers qui les menaçaient,